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Le G20 condamne la guerre des monnaies, met le holà sur l'austérité

Les pays du G20 ont clôturé leur réunion de deux jours samedi à Moscou avec un accord global. Dans leur communiqué final, les grands argentiers du monde s'engagent à ne pas sombrer dans la "guerre des monnaies" et appellent à lâcher du lest sur la rigueur budgétaire pour favoriser la croissance.
Article rédigé par Romain Fonsegrives
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxim Shemetov Reuters)

Pas de guerre des changes, moins d'austérité et plus de croissance. Le G20 moscovite s'est terminé sur un consensus samedi après deux jours de négociations entre les ministres des finances et les banquiers centraux des grandes puissances.

Depuis Moscou, le ministre de l'Economie et des Finances Pierre Moscovici a partagé sa satisfaction sur Twitter :

Haro sur la guerre des monnaies

Les grands argentiers mondiaux se sont accordés sur la nécessité d'écarter toute stratégie monétaire agressive, pour éviter une "guerre économique ".

La Chine, les Etats-Unis et le Japon sont notamment accusés de maintenir leur devise à un taux artificiellement bas afin de doper leurs exportations. Et de pénaliser ainsi leurs partenaires commerciaux. Les récentes décisions de la Banque centrale du Japon en faveur d'un yen faible avaient ravivé les tensions à l'aube du G20.

L'Europe, qui s'inquiète d'un euro fort, France en tête, est apparue unie sur ce front. Dès samedi matin les ministres allemand, français et anglais des Finances se sont réunis pour marquer leur refus de toute stratégie monétaire agressive. 

"Le monde ne doit pas faire l'erreur (...) d'utiliser les devises comme instrument de guerre économique ", a déclaré le ministre britannique George Osborne.

"Nous avons abordé la question des changes avec un refus commun, le refus d'une guerre des monnaies qui n'aurait pas de sens, (...) ce sont les marchés qui fixent les changes ", a ajouté Pierre Moscovici. 

Dans leur communiqué final, les grandes puissances s'engagent à "s'abstenir de procéder à des dévaluations compétitives ". Mais alors que le G7 en début de semaine précisait que les changes doivent être "déterminés par les marchés ", le G20 se fixe seulement l'objectif de parvenir "rapidement " à cet objectif. Il a fallu ménager la Chine, plus dirigiste avec son yuan.

Préférer la croissance à l'austérité

Le G20, confronté à la croissance négative en Europe, s'est montré soucieux de la reprise mondiale. Il est naturellement retourné à son objectif initial : coordonner les efforts vers une croissance "forte, durable et équilibrée ".

Les grands argentiers ont appelé de leurs voeux des "stratégies budgétaires de moyen terme crédibles ". En d'autres termes, à lever le pied sur l'austérité pour favoriser la reprise. Après le Fonds monétaire international et la Commission européenne, l'organisation suit le mouvement.

Réunies à Toronto en 2010, les grandes puissances s'étaient engagées à réduire leur déficit de moitié à l'horizon 2013. Cet objectif a disparu du communiqué rédigé à Moscou.

Le texte recommande même de viser une réduction des déficits "en tenant compte des conditions économiques à court terme et des marges de manoeuvre budgétaires là où elles existent ".

"La prise en compte de la situation économique doit nous permettre de ne pas ajouter de l'austérité à la récession ", s'est félicité Pierre Moscovici.

Les pays membres se retrouveront en septembre pour évaluer si leurs orientations ont porté leurs fruits. Le prochain G20 réunira cette fois les chefs d'Etats à Saint-Petersbourg.

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