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Le double attentat de lundi à Moscou révèle l'échec de la politique de Vladimir Poutine dans le Caucase du Nord

Ces attaques surviennent un an après que Moscou eut légitimé le jeune président Ramzan Kadyrov, peu soucieux de défense des droits de l'homme, à la tête de la Tchétchénie.En avril 2009, le Kremlin prétendait que la stabilité était revenue dans la région. Mais depuis, la violence flambe en Tchétchénie et chez ses voisins (Daguestan et Ingouchie).
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Le premier ministre russe, Vladimir Poutine (11-8-2008) (AFP - RIA Novosti)

Ces attaques surviennent un an après que Moscou eut légitimé le jeune président Ramzan Kadyrov, peu soucieux de défense des droits de l'homme, à la tête de la Tchétchénie.

En avril 2009, le Kremlin prétendait que la stabilité était revenue dans la région. Mais depuis, la violence flambe en Tchétchénie et chez ses voisins (Daguestan et Ingouchie).

A tel point qu'en novembre, le président russe Dmitri Medvedev a reconnu que l'instabilité dans la région demeurait le problème numéro un du pays.

Fin janvier, il a nommé à la tête du Caucase du Nord un influent homme politique et entrepreneur, Alexandre Khloponine, dans l'espoir qu'un redressement économique parvienne à y enrayer la spirale de la violence et les attaques contre les forces de l'ordre.

Les attentats de lundi signent donc un échec cuisant de la politique gouvernementale. Vladimir Poutine, célèbre pour avoir déclaré en accédant à la présidence russe en 1999 qu'il fallait "buter les terroristes jusque dans les chiottes", a affirmé lundi en tant que Premier ministre que "Les terroristes seront anéantis".

Les attentats étaient prévisibles
Quoi qu'il en soit, les analystes s'accordent sur le fait que la situation ne devrait pas s'améliorer prochainement. Ils estiment en effet que le FSB (ex KGB) préfère mettre sous pression les opposants politiques plutôt que de s'atteler à la corvée de traquer les séparatistes et de prévenir les attaques.

Maîtriser les dissidents est "un travail moins dangereux", ironise l'analyste indépendant Alexander Golts.

De fait, les experts ne sont pas étonnés par les attaques de lundi à Moscou. "Les combattants annonçaient le Jihad en Russie depuis décembre", explique Alexeï Malachenko de la Fondation Carnegie.

Les menaces des rebelles se sont intensifiées ces dernières semaines après la mort de deux de leurs leaders, note l'expert.

Le chef tchétchène Dokou Oumarov derrière les explosions ?
Selon le centre américain d'analyse spécialisé IntelCenter, "la version la plus probable est que l'Emirat du Caucase dirigé par le chef tchétchène Dokou Oumarov est derrière" les explosions de lundi à Moscou.

"Ce groupe a à la fois démontré sa capacité à mener ce genre d'attentat et en a exprimé l'intention", relève-t-il dans une note.
En outre, mercredi dernier, les forces de l'ordre ont abattu un proche allié de ce même Dokou Oumarov.

La violation des droits de l'Homme nourrit la rebellion
Dans le Caucase du Nord, la situation de la population, à genoux et exaspérée, n'aide pas à calmer le jeu. "Malgré les efforts du pouvoir pour établir un dialogue avec le Caucase du Nord, il n'y a toujours pas de changements visibles dans cette région", relève Grigori Chvedov, chef du portail d'informations indépendant kavkaz-uzel.ru.

"Les droits de l'Homme y sont toujours violés (...) ce qui renforce la base du terrorisme", dit M.Chvedov qui affirme craindre "une poursuite des actes terroristes en dehors du Caucase ".

Une crainte fondée puisqu'"une nouvelle génération de combattants a poussé dans le Caucase, où deux nouvelles écoles de kamikazes ont récemment ouvert", confirme M.Malachenko.

Désormais, le principal enjeu pour les services de sécurité est de voir si ces attentats sont annonciateurs d'une longue campagne de terreur, à l'image de celle qui a mené à la sanglante prise d'otages de Beslan, en 2004, estime Gleb Pavlovski, analyste politique connu pour ses liens avec le Kremlin.

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