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Le dernier hommage à Mandela vu par les Sud-Africains

REPORTAGE | Pendant près de cinq heures, plusieurs milliers de personnes ont assisté mardi à la cérémonie d'hommage à Nelson Mandela dans l'enceinte du Soccer city de Soweto, près de Johannesburg. Une ambiance de fête malgré quelques mouvements d'humeur et la pluie froide. 
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Antoine Krempf Radio France)

Certains avaient scotché une photo de Nelson Mandela sur un grand carton autour de leur cou, amené leurs drapeaux aux couleurs arc-en-ciel ou enfilé un t-shirt à la gloire de l'ANC, l'ancien parti de Neslon Mandela. "C'est le plus grand moment de ma vie. J'ai dormi devant le stade pour être sûr d'avoir une place ", lance James depuis les hauteurs du stade Soccer city.

La cérémonie n'a pas encore commencé mais les chants montent déjà des tribunes. "Longue vie ! Longue vie ! Le soleil s'est couché ", entonnent des milliers de participants entre deux chansons de l'époque de la lutte contre l'apartheid. Dans les travées du stade, des groupes de militants de l'ANC défilent en groupe et en dansant. Les files d'attentes devant les toilettes et les snacks s'allongent. Menu du jour pour ceux qui sont restés une partie de la nuit devant les grilles du stade : hamburger et frites à 9 heures du matin.

"Nous devons rester unis "


Et puis, l'hymne national. Des milliers de poings sur les paroles : "And united we shall stand. Let us live and strive for freedom, in South Africa our land " (Nous devons rester unis. Nous vivons et nous nous battons pour la paix, en Afrique du Sud notre terre).

Mais la ferveur nationale est très vite retombée quand Jacob Zuma est arrivé sur la pelouse du stade. Le président sud-Africain a essuyé les sillets de la foule pendant de très longues secondes. Comme beaucoup d'autres, Victor a fait des moulinets avec ses bras pour réclamer son remplacement.

"Il y a trop d'histoires de corruption avec lui. Il préfère se mettre de l'argent dans la poche plutôt que dans les écoles. Ce n'est pas ce qu'a voulu Nelson Mandela pour mon fils ".

"Oh mon dieu, Barack Obama est là ! "


Si Jacob Zuma a été hué, d'autres ont été très applaudis alors que le speaker égrènait la longue liste des 91 chefs d'Etats et de gouvernement présents. Parmi eux : Robert Mugabe. Si le président zimbabwéen est très contesté en Occident, "nous on l'aime bien ici ", explique l'un des participants.

Ban Ki-Moon a également eu un petit succès dans le public "parce que c'est un homme de paix comme Mandela ".

Mais le secrétaire général de l'ONU n'est pas celui que Winnie avait repéré un peu plus tôt sur le programme et qui lui fait poussé un "Oh mon dieu, Barack Obama est là ! Il est venu pour nous ! Oh mon dieu ". Lorsque le nom du président américain a été annoncé, l'ovation a duré près d'une minute à travers le stade.

Et peu importe si "*on a rien entendu du discours parce que le son n'était pas bon, on a pu voir sa tête sur l'écran géant* ", se réjouit Vusi. Pourquoi un tel enthousiasme ? "*Mais parce que c'est notre président ! On est tous les deux des Africains* ", explique Refilwe, couverte de sac poubelle de la tête aux pieds. "*La pluie ? Une bénédiction pour Madiba* " ------------------------------------------- C'est que la pluie ne s'est jamais vraiment arrêtée entre l'ouverture des portes et la fin de la cérémonie, cinq heures plus tard. "*Je suis sûr que c'est à cause de la météo que beaucoup de gens ne sont pas venus aujourd'hui* ", affirme Vusi devant un stade rempli seulement aux deux tiers. Mais pour Grant et Sibongile, "*c'est plutôt un temps idéal. Dans les villages, quand quelqu'un meurt et qu'il pleut, c'est Dieu qui honore et célèbre sa vie. C'est très important dans les traditions africaines. S'il pleut aujourd'hui, c'est une bénédiction pour Madiba* ". Malgré la pluie et les problèmes de sono, Kounalo est ravie. Elle a enfin pu dire "*adieu à "'Tata' Mandela* ". Et puis la jeune femme d'une vingtaine d'années assure avoir beaucoup appris des discours des compagnons d'armes et des chefs d'Etat qui se sont succédés à la tribune. "*S'il y a une chose que je ramène à la maison ce soir, c'est quand ils ont dit que sa mort ne doit pas rester vaine. Il faut continuer le combat qu'il a mené toute sa vie. Il faut avoir de l'amour, montrer de l'amour, savoir pardonner et ne rien lâcher* ", a-t-elle raconté.

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