Le conflit syrien, deux ans plus tard
Vendredi 15 mars 2013 ; la Syrie s'apprête à vivre un "anniversaire" symbolique. Deux ans de soulèvement, deux ans de combats, deux ans de destructions, et 70.000 morts selon le décompte de l'ONU.
Des manifestations sont prévues ce vendredi à travers tout le pays, sous le slogan : "Deux ans de sacrifice pour la victoire" .
Tout a donc commencé le 15 mars 2011, trois mois après le déclenchement de ce qu'on a appelé le printemps arabe, traversant successivement la Tunisie, puis l'Égypte. Motivés par ces exemples voisins, des centaines, puis des milliers de Syriens manifestent alors quotidiennement, face au pouvoir ultra-sécuritaire et répressif exercé par le président Bachar al-Assad.
Deraa, Hama, Homs, puis la capitale Damas, le poumon économique Alep, sont le théâtre de violents affrontements, entre les rebelles, notamment ceux qui se sont unis sous la bannière de l'Armée syrienne libre (ASL), et les chars de l'armée, qui pilonnent sans relâche les villes assiégées. Une tentative de cessez-le-feu, violé immédiatement, en avril 2012, des défections de poids au sein du régime, les pressions internationales ; rien n'arrête les combats, la chronique quotidienne de la violence quitte peu à peu les radars médiatiques.
> En images : les photos prises par notre envoyé spécial en Syrie Omar Ouahmane
Plus d'un million de réfugiés
L'une des conséquences les plus dramatiques, et les plus visibles, du conflit syrien, ce sont ces centaines de milliers de personnes jetées sur les routes, après la destruction de leurs logements. Selon l'Organisation des Nations Unies, le nombre de ces réfugiés dépasse aujourd'hui le million. Leur nombre pourrait même doubler voire tripler, si la situation ne s'améliore pas, selon l'ONU qui appelle les gouvernements à débloquer des fonds en urgence, pour prendre le relais des associations humanitaires débordées.
"J'appelle tous les pays qui veulent aider, qui veulent exprimer leur solidarité [...], j'appelle les Parlements, les gouvernements à approuver des fonds massifs pour aider les victimes syriennes et les pays qui les accueillent" (Antonio Guterres, UNHCR)
Ce jeudi, le Haut Commissaire de l'ONU aux réfugiés, Antonio Guterres, s'est rendu en visite officielle au Liban, un pays qui accueille à lui seul près de 300.000 réfugiés, sur une population totale de quatre millions d'habitants. Autre destination choisie par les réfugiés, la Jordanie ; ils seraient quelque 450.000 à avoir franchi la frontière.
Les enfants, au coeur du conflit
Autre grand sujet d'inquiétude, la place des enfants dans ce conflit qui dure depuis deux ans. Ils seraient au moins 200.000 à vivre dans les camps de réfugiés rien qu'en Jordanie, administrés le plus souvent par l'ONU.
Cette situation inquiète au plus haut point l'UNICEF, qui parle d'une "génération perdue" , et appelle plus que jamais au don.
Selon Dominique Hyde, environ 15 enfants traversent chaque semaine la frontière sans aucun parent avec eux.
Les enfants, fragilisés, seraient de plus utilisés dans les combats, selon un rapport de l'ONG Save the Children. Selon elle, les bélligérants, et donc les rebelles comme les soldats, les recrutent comme "messagers, gardes, informateurs ou combattants" , parlant de "deux millions d'enfants coincés en Syrie [...] victimes innocentes" .
#Syrie ces enfants réfugiés dans un site de ruines romaines entre Hama et Idlib pic.twitter.com/0VkG6wotjJ
— Omar Ouahmane (@ouahmane_omar) March 10, 2013
Faut-il armer les rebelles ?
Depuis le début du conflit, il y a deux ans, la Syrie est au centre de fortes tensions au sein de la communauté internationale. Du côté du régime de Bachar al-Assad, la Russie et la Chine bloquent systématiquement toute résolution contraignante au sein du Conseil de sécurité de l'ONU.
Question hautement sensible : celle de l'armement des rebelles. Ces derniers jours, on a assisté à une évolution notable de la position européenne. Désormais, Paris et Londres souhaitent la levée de l'embargo vers la Syrie, afin de pouvoir envoyer des armes à l'opposition. François Hollande l'a confirmé jeudi, à quelques heures de l'ouverture du sommet européen à Bruxelles.
La position de la France avait déjà été dévoilée par le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, invité de France Info jeudi matin. La France et le Royaume-Uni pourraient même être tentés de passer outre l'embargo en vigueur. François Hollande a jeudi soir souligné que le combat en Syrie était inégal, étant donné que le régime, lui, recevait des armes de ses alliés.
> Notre article à lire : Paris et Londres veulent lever l'embargo
En attendant, la violence et la mort sont devenues quotidiennes en Syrie ; toute réconciliation entre les deux bords, le régime syrien d'un côté, le Conseil national syrien qui chapeaute l'opposition de l'autre, semble hautement improbable. Deux ans plus tard.
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