Cet article date de plus de quatorze ans.

Le cabinet israélien a approuvé la création d'une commission pour enquêter sur le raid contre une flottille pour Gaza

Deux observateurs étrangers participeront à cette "commission publique indépendante" qui sera dépourvue de mandat pour interroger les soldats impliqués.La Turquie a dit "ne pas" avoir "du tout confiance" dans cette commission qui enquêtera sur ce raid contre un convoi humanitaire, intervenu dans les eaux internationales le 31 mai..
Article rédigé par France2.fr avec agences
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Le ministre de la Défense E. Barak assis en face de B. Netanyahu lors de la réunion du cabinet israélien (AFP - POOL - BAZ RATNER)

Deux observateurs étrangers participeront à cette "commission publique indépendante" qui sera dépourvue de mandat pour interroger les soldats impliqués.

La Turquie a dit "ne pas" avoir "du tout confiance" dans cette commission qui enquêtera sur ce raid contre un convoi humanitaire, intervenu dans les eaux internationales le 31 mai.

.

Huit Turcs et un citoyen américain d'origine turque avaient été tués .

Ankara insiste sur la création d'une commission d 'enquête "impartiale" "sous le contrôle direct" de l'ONU "avec la participation de la Turquie et d'Israël". Israël avait catégoriquement rejeté une proposition de l'NU prévoyant une commission d'enquête internationale sur l'interception de la flottille, mais en acceptant d'associer deux observateurs étrangers à sa propre enquête.

La Maison Blanche a dit souhaiter une enquête "rapide".

Pour Mahmoud Abbas, Israël ne répond pas aux demandes de l'ONU
"Nous sommes tout à fait d'accord avec la commission d'enquête telle qu'elle a été mentionnée dans la déclaration publiée par le Conseil de sécurité de l'Onu à l'issue de sa réunion" le 1er juin, a-t-il dit à l'issue d'un déjeuner avec Nicolas Sarkozy à l'Elysée.

"La proposition qui est faite aujourd'hui pour la commission d'enquête dans son format actuel ne correspond pas à ce qu'a demandé le Conseil de sécurité", a ajouté Mahmoud Abbas, qui s'exprimait via une interprète.

Réuni d'urgence au lendemain des incidents, le Conseil de sécurité de l'Onu avait demandé une enquête "rapide, impartiale, crédible et transparente".
Le gouvernement israélien a rejeté cette idée et approuvé lundi la création de sa propre commission d'enquête en y associant deux observateurs internationaux.

Les missions et la composition de la commission
Cette commission aura pour mission d'"enquêter sur les aspects relatifs à l'action entreprise par l'Etat hébreu pour empêcher des navires d'atteindre la côte de Gaza", selon un communiqué du bureau de Benjamin Netanyahu. Sa mise en place répond à deux impératifs, a expliqué lundi le Premier ministre: "Préserver la liberté d'action de nos soldats et prouver que nos actions étaient de caractère défensif et donc justifiées" sur le plan du droit international. Elle examinera essentiellement la conformité du raid israélien et du blocus maritime de Gaza au droit international.

La commission sera dirigée par un juge en retraite de la Cour Suprême israélienne,
Yaakov Tirkel, âgé de 75 ans. Ce dernier a une réputation de juriste conservateur, indépendant d'esprit, qui, avant même sa nomination, s'est publiquement prononcé contre toute idée de sanctions. Les deux autres représentants israéliens sont le professeur de droit international Shabtai Rosen, 93 ans, et le général à la retraite Amos Horev, 86 ans.

Les deux observateurs étrangers seront David Trimble, 66 ans, ancien chef du Parti unioniste d'Ulster (conservateur protestant) et prix Nobel de la paix 1998, et un ex-avocat général de l'armée canadienne, Ken Watkin, 59 ans. Selon la presse israélienne, Lord Trimble a récemment participé au lancement de l'initiative des "Amis d'Israël", un groupe de personnalités internationales qui défend le droit de l'Etat hébreu à exister. Le mandat de ces deux observateurs est limité: ils n'auront pas le droit de voter sur les travaux et les conclusions de la commission..

En refusant une enquête internationale, l'Etat hébreu veut éviter de se retrouver mis en accusation, comme après la publication l'an dernier du rapport du juge sud-africain Richard Goldstone. Mandaté par l'ONU, celui-ci avait enquêté sur l'opération "Plomb durci" de l'armée israélienne à Gaza il y a 18 mois (plus de 1400 morts palestiniens).
Israël avait boycotté ses travaux. Dans ses conclusions, le rapport Goldstone l'accusait d'avoir commis des crimes de guerre et recommandait la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) en cas de refus israélien d'ouvrir une enquête "crédible".

Négociations avec les Etats-Unis
Attendue depuis plusieurs jours, la décision, annoncée très tard dimanche soir, survient après des négociations, apparemment ardues, avec l'administration Obama. Les Etats-Unis avaient estimé qu'une "présence internationale" au sein de la commission "conforterait la crédibilité" de l'enquête.

"Nous espérons fortement, et nous pensons que c'est ce que nous sommes en droit d'attendre, que ce sera une procédure qui sera considérée à la fin comme crédible et impartiale", avait plaidé auparavant dimanche l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice.

La réaction de la presse israélienne
Pour les médias israéliens, qu'ils approuvent ou critiquent la création de la "commission publique indépendante", celle-ci est destinée à justifier à postériori l'interception de la flottille humanitaire internationale qui se dirigeait sur Gaza.

"L'objectif est de donner une réponse au monde" qui a mis Israël en accusation, écrit le quotidien gratuit Israël Hayom (droite), proche de Benjamin Netanyahu. "Il est bien évident que cette commission est à usage externe. Son but n'est pas d'enquêter ni d'examiner le bien fondé des décisions de l'échelon politique ou militaire", estime de son côté le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot qui ironise sur l'âge vénérable de ses membres israéliens.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.