La Turquie intensifie son offensive contre Daech et vise des positions du PKK
Pour la seconde fois en moins de vingt-quatre heures, la Turquie a lancé des attaques contre des camps du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak dans la nuit de vendredi à samedi, a confirmé le cabinet du Premier ministre turc dans un communiqué.
C’est de la base aérienne de Diyarbakir qu’a décollé, en fin de soirée, une importante flotte de chasseurs F-16 qui a pris la direction des camps de la rébellion kurde en Irak du nord, qui n’avait plus connu de tels bombardements depuis plus de quatre ans. Au même moment, d’autres chasseurs bombardiers décollaient de la base d’Incirlik pour prendre la direction de la Syrie, pour frapper à nouveau des positions du groupe Etat Islamique.
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En Irak du nord, cinq des plus importants camps occupés par la rébellion ont été frappés, notamment les batteries de défense anti-aérienne. En Syrie, ce sont de nouvelles positions djihadistes qui étaient visées, plus à l’est que les cibles frappées la nuit précédente, non loin de la ville de Djarablous, sur le fleuve Euphrate.
Dans l'attente d'un communiqué officiel, ce sont les habitants de la région qui ont pu renseigner sur la localisation de ces frappes. Ils ont également confirmé que l’artillerie turque avait tiré des obus à très longue portée pour atteindre en territoire syrien des positions djihadistes, sans pouvoir indiquer précisément lesquelles.
Le PKK juge que les conditions du cessez-le-feu n'existent plus après "l'agression" turque
Ankara avait promis de continuer à traquer les islamistes de Daech où qu’ils se trouvent, preuve est faite de la détermination des dirigeants turcs. En revanche, personne ne s’attendait à ce que le PKK, avec lequel un processus de dialogue politique était en cours jusqu’à il y a peu, soit également visé.
"Ces opérations ne sont pas des opérations ponctuelles et continueront tant qu'il y a une menace à l'encontre de la Turquie " , a dit samedi le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu lors d'une conférence de presse à Ankara avant de se rendre à Istanbul, où il doit rencontrer le président Tayyip Erdogan et le chef des forces armées.
Sur son site Internet, la branche armée du PKK dénonce ces raids aériens, soulignant qu'ils illustrent la rupture du cessez-le-feu mis en place depuis 2013, entre les rebelles et les forces de sécurité turques. "Nous avons le droit de nous défendre ", écrit-elle.
Vague d'arrestations : 590 personnes en garde à vue
Parallèlement, la police turque a lancé pour la deuxième journée consécutive une vaste opération anti-terroriste ciblant les réseaux djihadistes, mais aussi, de manière surprenante, les milieux kurdes et de gauche alévie. Pas moins de 590 personnes auraient été placées en garde à vue, selon le bilan fourni par le Premier ministre dans la matinée de samedi. Le Premier ministre et le Président se sont félicités de ce coup d'arrêt mis aux organisations terroristes, toutes obédiences confondues. Mais pour la co-présidente du Parti pro-kurde HDP (Parti démocratique des Peuples), Figen Yüksekdag, il y a méprise :
"Comment la population peut-elle accepter que d'un côté on sache aussi clairement qui sont ceux qui constituent une source de violence, de terrorisme, d'agression ; et que de l'autre, on procède à des arrestations d'une telle ampleur, parmi les forces de gauche, révolutionnaires et démocrates, et en premier lieu, parmi les cadres du HDP. C'est ça le portrait de la Turquie auquel on doit s'habituer ? "
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