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La Tunisie toujours paralysée par l'inertie d'Ennahda

Ennahda continue à ignorer les revendications de l'opposition tunisienne. Rached Ghannouchi, le leader du parti islamiste, s'est déclaré ouvert au dialogue mais a refusé les demandes de l'UGTT, le principal syndicat du pays. La paralysie politique se poursuit en Tunisie.   
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Reuters)

L'annonce de leur rencontre, lundi dernier, avait laissé envisager une issue à la crise politique qui frappe la Tunisie depuis l'assassinat de Mohamed Brahmi.

L'UGTT et Rached Ghannouchi avaient alors discuté pendant plus de quatre heures pour trouver une issue à l'impasse dans laquelle est plongée le pays. Le principal syndicat du pays avait notamment réclamé au leader d'Ennahda de constituer un gouvernement de technocrates, non-partisan.

Mardi, les Tunisiens étaient redescendus dans la rue. Et plus particulièrement, les Tunisiennes, profitant de la journée de la femme pour mettre en avant leurs revendications politiques.

Deux manifestations s'opposaient : l'une soutenait Ennahda, l'autre s'y opposait. La première, "faible et partisane ", selon le blog politique indépendant Nawaat, a été dépassée par la seconde, "politisée mais fédératrice ". 

"Nous ne permettrons pas aux putschistes de diviser le peuple "

Malgré tout, Ennahda refuse toujours de prendre en compte les revendications de l'opposition, qu'il qualifie de "putschistes ". Dans une conférence de presse donnée jeudi matin, Rached Ghannouchi a annoncé que son mouvement ne cèderait pas aux demandes du principal syndicat tunisien, qui réclamait un gouvernement composé de technocrates.

"Nous avons commis beaucoup d'erreurs (...) mais les errements du gouvernement ne justifient pas les appels à sa chute". (Rached Ghannouchi)

"Un cabinet apolitique pousserait le pays vers le vide, l'anarchie et achèverait l'expérience démocratique en Tunisie ", s'est-il défendu. La solution qu'il propose est toujours la même : un gouvernement d'union nationale, ouvert à tous les partis, même à Nidaa Tounès, située tout à gauche de l'échiquier politique. Par contre, il a réfuté l'idée d'une dissolution de l'Assemblée. 

L'UGTT dénonce la "lenteur " d'Ennahda

En réaction, l'UGTT, forte de 50.000 membres et capable de paralyser le pays par des grèves, a appelé dans un communiqué "toutes les parties à plus d'interaction (...) à cesser de gaspiller du temps et à accélérer la quête d'une solution consensuelle ". 

La centrale syndicale a tenu à dénoncer la "lenteur " d'Ennahda à "répondre aux demandes populaires et politiques ". Elle a accusé le parti islamiste au pouvoir de "fuir en avant et de creuser la crise ". Les opposants ont de nouveau exclu tout dialogue avec Ennahda tant qu'un tel gouvernement ne serait pas formé. 

Les discussions pourraient toutefois reprendre provisoirement lundi prochain. 

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