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La trajectoire des cyclones s'étend au Nord et au Sud

Les cyclones tropicaux sont désormais susceptibles de frapper des régions jusqu’ici épargnées. Appelés ouragan dans l’Atlantique et typhon dans le Pacifique, ils gagnent du terrain, au Nord comme au Sud, selon une étude scientifique américaine. Les régions proches de l’équateur sont, à l’inverse, moins exposées à ces tempêtes dévastatrices.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'ouragan Katrina, qui a frappé la Louisiane en 2005, est l'un des cinq ouragans plus meurtriers de l'histoire des Etats-Unis ayant fait au moins 1.836 morts. (Ann Ronan Picture Library / Photo12)

Contrairement aux précédentes études qui portaient sur le nombre et l'intensité des cyclones, des climatologues américains se sont penchés sur leur trajectoire. Leur étude, publiée le 14 mai 2014 dans Nature, révèle que, ces trente dernières années, le pic des cyclones tropicaux s’est étendu au Nord comme au Sud. Leur périmètre s'est élargi, par décennie, de 53 kilomètres vers le Nord et de 62 km vers le Sud, soit au total un élargissement de la bande d’impact maximal de 115km. 

«Les mesures effectuées depuis trente ans montrent un élargissement des cellules de Hadley, c'est-à-dire des boucles de circulation des courants atmosphériques entre l'équateur et les tropiques», explique Fabrice Chauvin, du Centre national de recherches météorologiques (CNRS, Météo france), interrogé par Le Monde.

Risques de sécheresse
Ce déplacement des cyclones pourrait ainsi accroître la sécheresse dans des territoires situés plus au Nord ou plus au Sud. Malgré les effets dévastateurs, «ils apportent aussi une part substantielle de leurs pluies annuelles à des régions très sèches qui, dans l'hypothèse d'un déplacement vers les pôles, risqueraient de devenir encore plus arides», précise M.Chauvin

Les données satellitaires observées par la l'Agence océanique et atmosphérique américaine (NOAA), entre 1982 et 2012, indiquent que cette «migration globale vers les pôles» est plus importante dans le Pacifique sud et nord et dans l'océan Indien austral que dans l'océan Atlantique. 

En s'éloignant peu à peu de l'équateur, ces cyclones risquent donc de sévir plus fréquemment dans des régions et des villes côtières mal préparées à ce type d'intempéries, mettent en garde les scientifiques. Comme aux Antilles et sur la côte est des Etats-Unis où Sandy, en 2012, a provoqué la mort de 210 personnes et d'importants dégâts estimés à plus de 50 milliards de dollars sur le territoire américain, notamment à New York.

«Expansion des tropiques»
Cette migration vers les pôles est cohérente avec de précédentes études faisant état d'une «expansion» de la région tropicale depuis 1980. Cette «expansion des tropiques» semble, en effet, influencer les facteurs environnementaux liés à la formation et l'intensification des cyclones tropicaux et pourrait expliquer que ces derniers, qui se forment au milieu des océans, gagnent du terrain au Nord comme au Sud. 

Pour les scientifiques, les causes de ces migrations cycloniques sont favorisées par le réchauffement climatique. Sous l'effet de l'accroissement des gaz à effet de serre libérés dans l'atmosphère, le phénomène devrait s'aggraver, notamment sur la zone balkanique, comme l'ont prédit deux études publiées en 2005 et 2013 par l'Institut de météorologie de l'Université Libre de Berlin, selon Sciences et Avenir.

En Bosnie et en Serbie plus de 1,6 million de personnes ont été touchées, le 19 mai 2014, par les pires intempéries depuis un siècle. Les modèles climatiques avaient anticipé que la trajectoire du cyclone Yvette, provenant de Méditerranée, aurait dévié vers les Balkans. En 2013, c'était l'Allemagne et la Pologne qui avaient connues des inondations historiques provoquées par des cyclones venus de Méditerranée.

Pour l'un des coauteur de l'étude, Gabriel Vecchi, chercheur à la NOAA, «il est crucial de comprendre ce qui explique» cette migrations afin, dit-il, «de comprendre ce qui peut se produire dans les années et les décennies à venir»



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