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La prise d'otages en Algérie vue de l'intérieur

EN IMAGES | Ce sont trois photos, prises en cachette par un captif algérien avec son téléphone portable, au début de la prise d'otages d'In Amenas. On y voit, sur le site gazier, des ravisseurs armés mais très calmes. Et des otages muets. Ambiance presque détendue, quelques jours seulement avant l'assaut sanglant.
Article rédigé par Cécile Quéguiner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

C'est une agence de presse japonaise, Kyodo, qui a obtenu ces rares photos, prises à la volée par un otage algérien le 16 janvier, soit quelques heures seulement après l'attaque du groupe armé. La scène se passe dans la "base de vie" où logent normalement les employés du complexe gazier. C'est aussi là que les ravisseurs ont rapidement rassemblé la majorité de leurs otages. 

Le calme apparent

Ce qui frappe surtout c'est le calme apparent, même en y regardant de près, qui règne sur les trois images, sur fond de ciel bleu... alors que la prise d'otages va se solder quatre jours plus tard dans le sang. Ces trois photos sont les premières, et pour l'instant les seules, images rapportées de cet interminable prise d'otages dont les journalistes ont été tenus à distance. Décryptage. 

Première image : cinq ravisseurs, en tenue de camouflage, encagoulés ou enturbannés. Deux semblent fouiller dans des boîtes, des affaires, posées au sol. Trois autres en arrière plan surveillent des ombres alignées contre un mur, vraisemblablement des otages étrangers assis sous des couvertures. À gauche de l'image enfin, des otages algériens cette fois qui déambulent sans être inquiétés.  Deuxième cliché : un des membres du commando, en treillis, visage dissimulé sous un chèche ocre, gants noirs aux mains. Il est debout, un fusil d'assaut porté presque nonchalamment, au milieu d'un terrain (un parking ?) de terre battue. Il y a du monde autour de lui, des travailleurs maghrébins, africains, désoeuvrés, mains dans les poches ou bras croisés. Certains, en arrière plan, sont même au téléphone, à quelques mètres de leur ravisseur. Aucun signe visible de panique. Ni même d'inquiétude sur les visages.  Dernière photo : des travailleurs regroupés, debout, sacs de voyage aux pieds. Comme s'ils attendaient un bus. Les visages semblent impassibles. Là encore détenus, pourtant manifestement personne ne moufte. Un seul ravisseur circule au milieu de l'attroupement. Tranquillement. Selon l'agence Kyodo, les preneurs d'otages viennent de demander aux Algériens de sortir avec leur affaires, en les appelant "nos frères ". Tandis qu'ils ont maintenu enfermés les étrangers, qu'ils désignent comme "les non-croyants ". Va-t-on exhumer d'autres photos de ce drame invisible ? Celles-ci ne disent pas grand chose des circonstances de la prise d'otages, mais donnent une réalité à ce drame qui s'est joué à huis-clos, légèrement désincarné faute d'images. Seuls autres clichés qui permettent d'en prendre la mesure, ceux de l'arsenal des ravisseurs saisi par les forces de sécurité algériennes. 

 

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