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La manne du tourisme chinois

Le tourisme se lève à l’Est. Un touriste international sur 17 est chinois. La Chine est désormais le pays qui affiche les dépenses touristiques les plus importantes au monde. Et ce n’est pas terminé. Résultat, les grandes destinations touristiques lorgnent vers ces nouveaux voyageurs.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
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Arrivée en 2004 des premiers touristes officiels chinois en France. Aujourd'hui, ils sont des millions à voyager dans le monde, et notamment en Europe. (PIERRE ANDRIEU / AFP)

Le tourisme est une industrie a part entière. Elle peut rapporter gros. Selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), la France est toujours la première destination touristique au monde. Mais dans cette industrie, comme dans les autres, les pays émergents bouleversent la donne. Le tourisme en Asie tend à croître plus vite que dans les autres régions. Et sur ce marché en mouvement, le poids de la Chine modifie les données.

Que pèse le tourisme chinois
Le tourisme dans le monde, c’est environ un milliard de personnes qui voyagent, selon le bilan de l'année 2012 fait par l’OMT. Parmi elles, environ 85 millions de Chinois, un chiffre assez faible à l’échelle chinoise mais en forte progression puisqu’ils n’étaient que 10 millions en 2000.
 
Certes, cette croissance ne touche pas que la Chine – tous les pays en développement et notamment les BRICS connaissent ce phénomène –, mais le potentiel chinois est impressionnant et surtout les Chinois qui voyagent disposent de moyens importants.
 
Les voyageurs de l'Empire du milieu ont dépensé un chiffre record de 102 milliards de dollars en tourisme international en 2012, soit 37% de plus qu’en 2011. La hausse de leur revenu disponible, l’assouplissement des restrictions des déplacements à l’étranger et l’appréciation de la devise ont pratiquement multiplié par huit les dépenses touristiques chinoises en 12 ans, depuis l’année 2000 où elles s’élevaient à 13 milliards de dollars.
 
«En 2005, la Chine se classait septième au tableau des dépenses du tourisme international. Depuis, elle a devancé l’Italie, le Japon, la France et le Royaume-Uni. Avec le rebond de 2012, elle s’est hissée à la première place, devançant le tenant du titre depuis de nombreuses années, l’Allemagne (84 milliards de dollars US), et le numéro deux, les Etats-Unis (83 milliards de dollars US)», précise l’OMT

Une clientèle «dépensière»
La clientèle chinoise évolue. L’image du groupe de Chinois se promenant en voyage organisé tend à s’estomper au profit de déplacements individuels ou en petits groupes. Ce qui oblige les spécialistes du tourisme à s’adapter. Il n’est pas rare désormais de voir des Chinois, plus ou moins isolés, au milieu d’une île grecque ou dans les rues de Paris ou de Lucerne, en Suisse.
 
«Tandis que le nombre de touristes chinois ne cesse de s’accroître, la proportion croissante de ceux organisant eux-mêmes leurs voyages a engendré une multiplication des produits de niche et offre aux destinations moins connues une chance d’attirer des touristes chinois plus exigeants », note un site spécialisé.
 
Pour cela les lieux qui accueillent les Chinois doivent s’adapter. «A Paris, les marques de luxe qui accueillent dans leurs magasins nombre de groupes touristiques chinois doivent repenser leur stratégie car leurs visiteurs commencent à voyager seuls», selon le Wall Street Journal.
 

Mariages chinois en France, à Tours. (ALAIN JOCARD / AFP)

La France très demandée
«Les clients de Chine, Hong Kong et Taïwan représentent 30% du chiffre d'affaires détaxé du Printemps. Même si leur mère ne se maquille pas, les jeunes Chinoises découvrent les cosmétiques. Et les touristes les plus fortunés n'hésitent pas à se déplacer en jet privé dans le but de choisir de la haute joaillerie parisienne !», constate Jean-Marc Leroy, directeur général de Global Blue, une société spécialiste de la détaxe, notait Les Echos

Avec de tels clients, pas étonnant que les destinations touristiques se disputent la venue des Chinois. La classe moyenne supérieure aisée chinoise représente quelque 30 millions de personnes. «Sur ce marché très concurrentiel (137 pays désignés en 2009 comme destinations touristiques autorisées par le gouvernement chinois), l'Europe reste la destination favorite des touristes chinois devant les Etats-Unis et l'Australie. En 2010, ils étaient 2,3 millions à la visiter. Chaque voyage organisé vers l'Europe inclut la France. Elle est la principale destination de voyages pour 30% des touristes chinois. A ses côtés, 4 pays se démarquent : l'Italie, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Suisse », se félicite le magazine spécialisé Tourmag.

L’individualisation des voyages devraient pousser «ces nouveaux touristes vers des formules sur mesure. Au-delà des beaux paysages et des lieux célèbres, les thématiques sont appelées à se développer tels les châteaux, l'œnotourisme, les cérémonies de mariage, le golf, le jeu qui est illégal en Chine, le ski, les achats orientés sur les marques de luxe...», note Frédéric Mazenq, directeur Atout France (Maison de la France) en Chine.
 
Dans cette compétition, les pays jouent leur carte. Au Royaume-Uni, les procédures d’entrée dans le pays pour les Chinois ont été allégées. Les pays de l'espace Schengen ont ouvert leur accès. En Suisse, on espère voir une partie des cinq millions de Chinois skieurs venir descendre les pistes helvétiques en invitant des moniteurs de skis venus de l’Empire du milieu. La France, elle, développe les initiatives à destination des Chinois. Le luxe made in France bien sûr, mais aussi les mariages devant les chateaux de la Loire, par exemple. Une passion chinoise qui fonctionne aussi en Grèce qui, dans la crise, essaye de ramasser les miettes de ce tourisme lucratif.

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