La junte de Guinée a accusé mardi la France d'être impliquée dans la tentative d'assassinat de Moussa Dadis Camara
Paris a "énergiquement" démenti ces accusations. Le chef de la junte, blessé par balles le 3 décembre par son ex-aide de camp, a été évacué vendredi vers le Maroc pour des soins.
Selon un responsable de la police de l'ancienne colonie française, l'armée guinéenne a lancé une vague de répression après cette tentative d'assassinat dans tout le pays.
Le conseiller de Moussa Dadis Camara, Idrissa Chérif, a déclaré samedi: "Le président est hors de danger. L'opération est un succès". Le Maroc ne s'était pas opposé à ce que le chef de la junte guinéenne soit soigné sur son sol. Blessé à la tête apparemment par son ex-aide de camp, le lieutenant Aboubacar "Toumba" Diakité, le 3 décembre, Dadis Camara avait gagné vendredi Rabat, où les autorités ont dit ne l'accueillir que pour des raisons humanitaires.
Si la junte affirme qu'il "va bien" et qu'il "rentrera bientôt", cela est mise en doute par bon nombre de Guinéens qui s'interrogent sur l'état de santé réel du capitaine, qui n'a pas fait d'apparition ni de déclaration dans les médias depuis la tentative de meurtre.
Selon Idrissa Chérif, qui est également ministre de la communication de la présidence et du ministère de la Défense, "plusieurs personnes ont été arrêtées et interrogées. Je confirme que nous avons des aveux qui prouvent que les services français sont derrière la tentative d'assassinat du président", a déclaré Idrissa Chérif. "Ils ont eu des complices aussi bien à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur et nous en avons les preuves. Dans les prochains jours, vous serez édifiés", a ajouté Chérif.
Les autorités françaises rejettent ces accusations
"Ce sont des rumeurs absurdes que nous démentons énergiquement", a réagi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. "Il n'y a pas de temps à perdre en polémiques stériles. Les efforts doivent porter sur les élections que le peuple guinéen attend. C'est cela la priorité et c'est aussi l'attente de la communauté internationale", a-t-il ajouté.
Des sources militaires guinéennes ont soupçonné un temps l'ambassade de France d'accueillir le lieutenant Aboubacar "Toumba" Diakité, avant qu'un responsable de l'ambassade ne démente catégoriquement l'information.
Le capitaine Camara a été porté au pouvoir par l'armée, le 23 décembre 2008, au lendemain de la mort du dictateur Lansana Conté (1984-2008) qui était malade depuis plusieurs années.
Négociations de Ouagadougou suspendues
Les militaires au pouvoir en Guinée ont décidé le 9 décembre de suspendre leur participation aux négociations sur la crise guinéenne à Ouagadougou, jusqu'au "retour" dans ses fonctions de Moussa Dadis Camara.
Le président burkinabè Blaise Compaoré a été nommé médiateur dans la crise guinéenne par la Communauté des états d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), après le massacre d'opposants par l'armée, le 28 septembre à Conakry, qui a fait au moins 150 morts selon l'ONU.
Depuis le début des négociations, l'opposition réclame le départ des militaires du pouvoir, la nomination d'un civil à la tête du pays pour 10 mois et la "disqualification" de Dadis Camara pour la présidentielle prévue en 2010.
A Ouagadougou, M.Compaoré avait reçu séparément les délégations du pouvoir et de la junte qui lui avaient remis leurs propositions. Le 20 novembre, le président burkinabè a présenté un premier projet d'accord politique interguinéen, que l'opposition a catégoriquement rejeté. Son texte préconisait le maintien au pouvoir du chef de la junte pendant une transition de 10 mois et lui donnait la possibilité de se présenter à la présidentielle.
Dimanche, une réunion du Groupe international de contact sur la Guinée est prévue à Ouagadougou.
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