La communauté internationale dans l'impasse syrienne
Les images qui parviennent à sortir de Syrie montrent l'ampleur de la répression menée ce week-end par l'armée. Le nombre de victimes, principalement à Hama, s'établit autour de 140 morts, mais reste imprécis. Une chose est sûre, c'est qu'il n'est pas clos, car aujourd'hui encore, les militaires syriens poursuivent leurs bombardements sur la ville.
La communauté internationale a vivement réagi face à cette escalade. Même la Russie, qui a jusqu'à présent refusé de suivre les condamnations, a durci le ton, adressant toutefois ses critiques aussi bien au pouvoir qu'à l'opposition.
“L'usage de la force contre les civils et les représentants des structures de l'Etat est inacceptable et doit cesser” (ministre russe des Affaires étrangères)
Barack Obama de son côté s'est dit “horrifié ” et assure que les Etats-Unis vont chercher à renforcer l'isolement de Damas sur la scène internationale. En Europe, Berlin a condamné une “guerre contre son propre peuple ”. En France, le Quai d'Orsay s'est inquiété de cette “aggravation nouvelle et toujours plus inacceptable de la répression sanglante ”. Le secrétaire britannique au Foreign Office, William Hague, a souhaité que la pression internationale se fasse plus forte, notamment de la part de la Turquie et des pays arabes. L'Italie rejoint l'Allemagne pour demander une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.
L'Union européenne pour sa part annonce un durcissement des sanctions. La liste des dignitaires du régime interdits de visas et dont les avoirs sont saisis est élargie. Et l'UE demande au Conseil de sécurité d'agir. Il doit d'ailleurs tenir ce lundi une réunion à huis-clos sur la question.
Mais quel type d'action est envisageable ? Sûrement pas une action militaire. Et ce n'est pas Pékin ou Moscou, qui ont fait savoir dès le départ leur opposition à cette option qui le disent, mais Londres. William Hague a précisé qu'elle n'était “pas envisageable ”, car “toutes les conditions ne sont pas réunies ”. Engagés dans une action qui ne donne pas les résultats escomptés en Libye. Freinés par les données complexes du contexte syrien et par les éventuelles retombées d'une intervention sur les relations israélo-arabes, les Occidentaux ne semblent pas pressés d'intervenir militairement. Les menaces de veto russes et chinois, officiellement rejoints par l'Afrique du sud, l'Inde et le Brésil, permettent finalement de cacher cette gêne.
Bachar al-Assad le sait bien, lui qui a félicité son armée des opérations menées ce week-end. Les violences en Syrie auraient au total fait 2.000 morts depuis mars. Un chiffre qui n'effraiera sans doute pas le régime. En 1982, la révolte des Frères musulmans avait fait 20.000 tués, pour beaucoup, déjà, à Hama.
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