L'opposant Mahamadou Issoufou est devenu officiellement lundi président du Niger, après un an de junte militaire
Les militaires, qui ont renversé il y a un an le président Mamadou Tandja pour l'empêcher de se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat, avaient promis de céder le pouvoir aux civils d'ici avril, après un 2e tour samedi (participation: 48,1%).
Le premier tour (participation: 51,5%) avait eu lieu le 31 janvier pour quelque 7 millions de Nigériens.
Pour sa cinquième candidature, M.Issoufou, 59 ans, chantre de la "renaissance" du Niger, a obtenu quelque 1,8 million de voix, soit 57,95%, a déclaré lundi Gousmane Abdourahamane, président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), lors d'une cérémonie à Niamey.
L'ex-Premier ministre Seïni Oumarou, 60 ans, s'incline avec 1,3 million de voix (42,05%).
Dans ce vaste pays sahélien abonné aux coups d'Etat, l'élection était destinée à rétablir un régime civil après un an de transition conduite par le général Salou Djibo, chef de la junte arrivée au pouvoir après son putsch de février 2010 contre Mamadou Tandja.
Détenu depuis un an, l'ex-président Tandja (1999-2010) avait provoqué une grave crise en cherchant à conserver son fauteuil au terme de son second et dernier quinquennat légal.
Les résultats provisoires de la Céni doivent désormais être transmis au Conseil constitutionnel, qui a 15 jours pour proclamer les résultats définitifs. L'investiture du nouveau président est prévue le 6 avril.
Le "peuple nigérien a arbitré avec beaucoup de sagesse dans le calme, dans la transparence, en faisant preuve d'une grande maturité politique, d'un sens élevé des responsabilités", a dit le nouveau président élu, vêtu d'un grand boubou blanc et coiffé d'un bonnet traditionnel rouge. Entouré d'un important service de sécurité et de militants, M.Issoufoua également "salué et remercié" la junte pour son "doigté" et sa "responsabilité".
Il a rendu hommage aux militants de son Parti nigérien pour la démocratie et la socialisme (PNDS), et à ceux du Mouvement démocratique nigérien (Moden) de son allié, l'ex-Premier ministre Hama Amadou.
M.Issoufou partait favori
Arrivé en tête (36%) au premier tour, M. Issoufou partait favori grâce au soutien de M. Amadou (19%). M. Oumarou (23%) bénéficiait du ralliement de l'ex-chef de l'Etat Mahamane Ousmane (8%).
Le bon déroulement du scrutin a été salué par les observateurs de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ainsi que par la France.
Grand producteur d'uranium pourtant classé parmi les pays plus pauvres du monde et soumis à des crises alimentaires chroniques, le Niger doit faire face aussi à la menace grandissante d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui multiplie les rapts d'Occidentaux.
Fin février ont été libérés trois otages - un Togolais, un Malgache et une Française - enlevés en septembre 2010 sur le site minier d'Arlit (nord) avec quatre Français qui sont toujours aux mains des jihadistes.
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