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L'intervention en Syrie en trois questions

Alors que la perspective de frappes aériennes occidentales ciblées en Syrie se précise d'heure en heure, un conseil de défense se réunit ce mercredi matin à l'Elysée. Mais plusieurs questions restent posées : le doute sur la responsabilité de l'attaque chimique, le moment où vont avoir lieu ces frappes et leur efficacité.
Article rédigé par Sylvie Johnsson
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (US NAVY Reuters)

1 Est-ce qu'il y a un doute sur la responsabilité de Damas
dans l'attaque chimique?

Pour la première fois
cette nuit,  Washington, par la voix du
vice-président Joe Biden a explicitement accusé Damas : "Les
responsables de cet usage effroyable d'armes chimiques en Syrie ne
font aucun doute: c'est le régime syrien
". D'après Foreign Policy, les services secrets américains détiennent l'enregistrement d'une conversation téléphonique entre un responsable du ministère de la Défense syrien et un dirigeant de l'unité des armes chimiques.

Devant les ambassadeurs ce
mardi, François Hollande a affirmé que "tout porte à croire que c'est le
régime qui a commis cet acte abject qui le condamne définitivement aux yeux du
monde
" avant de dénoncer les "exactions du régime syrien".

Mais les enquêteurs de
l'ONU n'ont encore pas rendu leur rapport, en tout cas pas publiquement. Une enquête jugée trop tardive par Washington et Londres avant même de commencer.

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Et ceux
qui doutent s'interrogent sur l'utilisation d'armes chimiques par Damas alors
que ces enquêteurs étaient déjà en Syrie.

2 Quand peut avoir lieu cette intervention?

Impossible à dire ce mercredi matin. La France prendra sa
décision "dans les prochains jours ", a déclaré mardi le président
François Hollande. Un conseil restreint de défense s'est tenu ce mercredi matin à l'Elysée.  Egalement à l'agenda du président de la République, un entretien demain matin avec Ahmad Al-Assi Al-Jarba, le président de
la Coalition nationale syrienne. Et surtout le Parlement se réunira mercredi prochain en session extraordinaire. Est-ce que cela signifie que rien ne se passera, côté français, d'ici là?

Enfin le Premier ministre
britannique, David Cameron, a convoqué le Parlement demain jeudi  pour voter "la réponse du Royaume-Uni aux
attaques à l'arme chimique".

3 Des frappes seront-elles efficaces?

Pour répondre à cette
question, il faudrait connaître les objectifs 
recherchés. S'il s'agit de "punir ceux qui ont pris la
décision infâme de gazer des innocents"
pour reprendre les mots de François Hollande, des frappes peuvent être efficaces.

*A LIRE AUSSI* > Syrie : "La France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents" (François Hollande) **

* Mais permettront-elles comme l'indique une source diplomatique française citée
par Reuters "
de renverser le rapport de forces" au profit des
rebelles. Ou de dissuader "
l'utilisation d'armes chimiques et à réduire
les capacités d'utilisation" de ces armes selon David Cameron? Peut-être. Mais l'avertissement risque de résonner dans le vide surtout si
les capacités militaires de Damas ne sont que partiellement détruites. Ainsi selon
André Kaspi, chercheur au CNRS,
"ça va faire quelques centaines voire
quelques milliers de morts en plus. Mais cela ne va pas changer le rapport de
force. Cela ne résoudra strictement rien".*

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