L'exode de milliers de Syriens traqués par le régime
Ils sont des milliers installés sur un vaste terrain à quelques kilomètres seulement de la frontière turque. Selon Omar Ouahmane, envoyé spécial de France info, ils campent dans la boue en raison des pluies diluviennes de ces dernières heures. Tous ont fui la répression du régime alors qu'ils tentaient de manifester pour réclamer des réformes. Arrachés à leurs terres, ils n'ont plus peur de parler et scandent les mêmes slogans entendus en Tunisie et en Egypte.
Selon l'agence de presse Anatolie, 8.538 réfugiés ont franchi la frontière, dont plus de la moitié sont des enfants. Des experts du Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme sont arrivés dans les quatre camps installés par Ankara. Leur mission est d' "enquêter sur les exactions " .
Selon les témoignages de plusieurs réfugiés syriens, l’armée est divisée sur l’opération en cours. D’autres évoquent des tirs à vue ou des incendies volontaires des cultures et des champs par les troupes fidèles au régime. Malgré cela, des milliers de syriens hésitent encore à quitter leur pays et s'entassent le long de la frontière, qu'ils franchiront si l'armée devait arriver.
Cinquième jour de traque pour l’armée syrienne en direction de la Turquie. A l’aide de chars et d’avions de chasse, les troupes du régime de Bachar al-Assad continuent leur marche pour mater la rébellion. Des centaines de personnes ont été arrêtées à Djisr al Choghour, une ville de 50.000 habitants, à 20 kilomètres de la frontière turque.
Selon plusieurs ONG, des dizaines de blindés sont entrés à Maarat al Noumane, entre Alep et Hama, sur l'axe principal nord-sud menant à Damas. Au passage, les villages sont systématiquement ratissés. Malgré cela, la mobilisation hostile au régime ne fléchit pas et des manifestations nocturnes continuent d'avoir lieu, selon l'opposition. Les organisations de défense des droits de l'homme font état de 1.300 morts depuis le début du mouvement de contestation début mars.
Bataille au conseil de sécurité de l’ONU
A New York, les Européens continuent leurs tractations pour obtenir un vote sur leur projet de résolution dénonçant "des atteintes aux droits de l’Homme" en Syrie. Mais rien n’est joué. "Nous ne prendrons le risque de mettre aux voix le texte que si nous parvenons à une majorité suffisante. Nous avons aujourd'hui vraisemblablement neuf votes au Conseil de sécurité, il nous reste à convaincre l'Afrique du Sud, l'Inde, le Brésil ", a déclaré Alain Juppé devant les députés ce mardi. Le ministre des affaires étrangères qui estime que la mise au vote est "une question de jours, peut-être d'heures " .
Reste que la Russie et la Chine se sont clairement opposées au texte européen et menacent d’utiliser un véto. Si c’est le cas, la France et la Grande-Bretagne peuvent dire "au revoir " à la résolution. "Soit on regarde ailleurs, on ferme les yeux, on ne veut pas voir ce qui est en train de se passer. Soit on prend ses responsabilités ", poursuit Alain Juppé.
De leur côté, les États-Unis ont condamné "avec force" les nouvelles violences en Syrie. La Maison Blanche relance un appel à "entamer un dialogue politique " pour que les Syriens aient davantage leur mot à dire dans la direction de leur gouvernement. Un discours partagé par le Premier ministre turc. Selon l’agence de presse Anatolie, Recep Tayyip Erdogan s’est entretenu avec Bachar al-Assad. Il l’aurait appelé à mettre fin à la répression et à établir d'urgence un calendrier pour des réformes.
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