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JO: une première médaille d’or pour 10 athlètes qui rentrent chez eux en héros

Ils n’apparaissent pas dans les nations en tête du classement des JO par médaille. Pourtant, les Jeux de Rio 2016 auront permis à certains Etats de remporter, pour la première fois, une médaille d’or. Ces champions d’un jour sont des héros de toujours dans leur pays.
Article rédigé par Marc Taubert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 11min
La flamme olympique lors de la cérémonie de clôture des JO. (LIU BIN / NURPHOTO / AFP)

Bahreïn
Ruth Jebet après avoir gagné le 3000m stepple aux JO de Rio 2016. Si elle porte un drapeau du Bahreïn, elle est possède aussi la nationalité kenyanne. (Natacha Pisarenko / AP / SIPA)

Ruth Jebet a remporté la médaille olympique du 3000m steeple féminin pour le Bahreïn. Pourtant, lorsqu’elle a repris son avion retour, elle a atterri au… Kenya. Car c’est son pays natal, ou elle n'a pas été accueillie en héroïne, accusée de s’être vendue à une autre nation. Le manageur de l’athlète l'a défendue en arguant qu’elle n’aurait pas pu gagner sans l’aide du petit Etat pétrolier : «Je l’ai ramenée à l’école. Je suis allé au marché et lui ai acheté de nouvelles chaussures et j’ai commencé à l’entraîner.» Ruth Jebet n’exclut pas un jour de courir à nouveau pour le Kenya. Le dimanche 21 août, à son arrivée au Barheïn, elle a été cette fois accueillie en héroïne.
 


Cote d’Ivoire 
Mené à une seconde de la fin de son combat en finale des JO, Cheick Cissé a réussi à retourner le score et à gagner. (FERNANDO SOUTELLO / AGIF / AFP)

Il était mené à une seconde avant la fin de son combat. Pourtant, Cheick Cissé l'a gagné et a remporté la première médaille d’or de l’histoire de la Côte d’Ivoire, en Taekwondo. Autant dire que la fête battait son plein dans ce pays ouest-africain. Marlène Harnois, collaboratrice du nouveau champion (et ancienne médaillée de la même discipline), raconte à 20 Minutes l’épopée de Cheick Cissé. C'est en passant le réveillon à Abidjan, qu'elle est allée visiter son club par hasard, pour s’aérer l’esprit : «Ils s’entraînaient à même le béton, sans plastrons ni le moindre équipement et pourtant ils étaient hyper forts.» Elle prend alors la décision de s’installer là-bas, d’investir dans des équipements et leur offre ses conseils. Il y a encore quelques mois, Cheick Cissé était à la 60e place mondiale…

 
Fidji
L'équipe fidjienne de rugby à 7 a sèchement battu l'équipe britannique, 43 à 7, aux Jeux Olympiques de Rio 2016. (PASCAL GUYOT / AFP)
43 à 7. C’est le score impressionnant de l’équipe fidjienne en finale du rugby à 7, face aux Britanniques. «Jamais l'esprit fidjien n'avait été élevé aussi haut. Jamais auparavant, nous n'avions été une si grande nation», a déclaré le Premier ministre de l’archipel dans un message relayé par Outre-mer 1ère. Un enthousiasme qui s’est traduit dans les rues de la capitale, Suva, où le trafic était complètement paralysé et les rues envahies d’habitants. Ce même article rappelle qu’il s'agit «de la deuxième médaille olympique d'une petite nation insulaire du Pacifique, 20 ans après l'argent récolté par Paea Wolfgramm. Le boxeur tongien, qui s'était incliné en finale des super-lourds à Atlanta face à l'Ukrainien Wladimir Klitschko.» Un jour férié va être instauré en leur honneur.

 
Jordanie 
Ahmad Abughaush a été accueilli en héro à son retour des JO de Rio 2016. Ici, il embrasse son père à l'aéroport international Reine-Alia, à Amman, le 23 août 2016. (REUTERS / Muhammad Hamed)

«Désolé, c’était le prince Hassan au téléphone (l’oncle du roi régnant).» Ahmad Abughaush, le jeune champion jordanien de 20 ans, s’excuse d’avoir interrompu l’interview donnée à l’AFP. Il raconte avoir reçu plusieurs appels téléphoniques de la famille royale après avoir gagné la médaille d’or en Taekwondo. Le roi lui-même l’a contacté : «Le roi Abdullah a appelé ce matin. Il m’a dit: "vous avez permis de faire connaître la Jordanie au monde entier. Tous les Jordaniens sont heureux pour votre résultat, Dieu vous a aidé à l’obtenir."» Plus surprenant, le sportif est aussi un héro dans une petite ville… israélienne, Abu Ghosh. Un propriétaire de restaurant de la ville raconte : «C’est comme si Israël avait gagné, bien que sa famille, originaire d’Abu Gosh, ait déménagée en Jordanie il y a quelques années. Les Juifs sont venus le samedi et nous avons tous fêté cette victoire.»

 
Kosovo
Majlinda Kelmendi a remporté la médaille olympique de judo féminin dans la catégorie moins de 52 kg. C'est la première médaille d'or du Kosovo pour sa première participation aux JO de son histoire. (Markus Schreiber / AP / SIPA)

Première médaille olympique pour une première participation de cet Etat récemment indépendant. La judoka Majlinda Kelmendi a remporté l’or dans la catégorie des moins de 52 kg. A son retour, ils étaient des milliers à l’accueillir pour fêter son titre. L’athlète avait déjà participé aux Jeux de Londres en 2012. Mais sous les couleurs de l’Albanie (la population kosovare est à majorité albanophone), le Kosovo n’étant pas encore reconnu par le Comité International Olympique. Elle est d’autant plus fière d’avoir gagné cette médaille : «L’année dernière a été très compliquée pour moi, parce que j’étais blessée. Avec autant de blessures, c’était difficile de revenir, pas seulement physiquement mais aussi mentalement. Pendant que vous êtes à l’hôpital, vos adversaires s’entraînent plusieurs fois par jours. Mais j’ai continué et désormais, je ne pense pas que quelque chose va changer dans ma vie.» Son avenir va au moins changer matériellement, son pays va la récompenser à hauteur de 100.000 euros pour son titre.
 

Koweït 
Fehaid al-Deehani a dû concourir sous la bannière olympique car le Koweït a été exclu des Jeux par le Comité International Olympique. (Eugene Hoshiko / AP / SIPA)

Son visage orne déjà les tours de Koweit City. Fehaid al-Deehani a gagné la médaille d’or au tir double trap. Pourtant, il ne concourrait pas aux couleurs du Koweït mais sous la bannière olympique. En effet, ce pays a été suspendu de la compétition par le CIO, car «le Comité olympique koweitien fait face à de nombreuses difficultés pour "préserver son autonomie, en particulier face à de récents amendements à la législation sportive" dans le pays.» L’athlète a été reçu le 23 août dans le palais de l’Emir Sabah al-Ahmad al-Sabah, où il sera couvert de cadeaux. Il a perçu 330.000 dollars (292.000 euros). Il recevra en plus 16.500 dollars (14.600 euros) par mois jusqu'aux jeux Olympiques de Tokyo en 2020, deux kilos d'or, une voiture et des cadeaux d'une valeur de 100.000 dollars de la part de donateurs privés.

 


Porto Rico
La championne de tennis Monica Puig, dans un bus à son arrivée à Porto Rico. Elle est entourée du lutteur Jaime Espinal, de la présidente du comité olympique de Porto Rico, Sara Rosario, et de l'athlète Javier Culson. (REUTERS / Alvin Baez)

Il lui aura fallu 2 heures et 9 minutes pour battre au tennis l’Allemande Angelique Kerber, 2e joueuse mondiale. Personne, pourtant, ne misait sur cette jeune athlète portoricaine de 22 ans et 34e au classement WTA. En apportant ce premier titre à cet archipel des Caraïbes associé aux Etats-Unis, mais indépendant, la sportive lui a donné sa première médaille d’or aux Jeux Olympiques. C’est également la première femme représentant Porto Rico à être montée sur un podium olympique. L’île est touchée par une importante crise de la dette et menacée de faillite. Fille d’émigrés catalans, elle est devenue, ce jour-là, l’héroïne d’un pays qui en avait besoin.


Singapour 
Joseph Schooling de retour à Singapour est accueilli en héro. Le jeune homme de 21 ans a battu la légende de la natation Michael Phelps qui a concédé son seul titre olympique. (REUTERS / Edgar Su)

Dans ses rêves, quand il était jeune, Joseph Schooling pensait qu’un requin le poursuivait. Qui sait s’il y a aussi pensé durant sa finale du 100 mètres papillon ? En tout cas, à seulement 21 ans, il a battu la légende Michael Phelps, vainqueur de cinq médailles d’or sur les six épreuves qu’il a passées. Pourtant, Joseph Schooling revient de loin. Après un incident de lunettes et de bonnet de bain aux Jeux de Londres, en 2012, il a été éliminé des épreuves éliminatoires. C’est son coach et ses proches qui l’ont persuadé de se relancer dans la course, pour le résultat que l’on sait. Dans un article d’un journal singapourien, sa famille raconte les sacrifices nécessaires à l’entraînement de leur fils : «Entre les billets d’avions, l’hébergement, les dépenses courantes et les frais d’université, la famille a dû payer plus d’un million de dollars. Toute leur épargne a été dépensée et ils ont dû vendre une propriété outre-Atlantique pour financer le rêve de Joseph.» Mais heureusement, Singapour est généreux avec ses champions olympiques. L’Etat va verser la somme de 673.000 euro au médaillé d’or. Soit la somme la plus importante qu’un pays verse à ses athlètes revenus titrés.

 
Tadjikistan 
Dilshod Nazarov porte le drapeau du Tadjikistan, pays d'Asie centrale, et un tee-shirt avec la photo de son père, mort pendant la guerre civile après l'indépendance de l'Etat de l'Union soviétique. (Matt Slocum / AP / SIPA)

Lorsque Dilshod Nazarov a remporté la médaille d’or lors de l’épreuve du lancer du marteau (avec un lancer à 78,68 mètres), il est apparu portant le drapeau du Tadjikistan et un tee-shirt avec une photo de son père, tué lors de la guerre civile après l’indépendance de l’Union soviétique. Une image qui a ému dans ce pays d’Asie centrale, où il est désormais placé sur un piédestal, comme le raconte le site Global Voices. Une proposition a même émergé sur Change.org pour faire de lui un «héro national».

 


Vietnam 
Le Premier ministre vietnamien, Nguyen Xuan Phuc, décerne une médaille du travail de premier rang au champion Hoang Xuan Vinh qui a remporté la première médaille d'or de l'histoire de cet Etat. Il est par ailleurs colonel dans l'armée du pays. (VIETNAM NEWS AGENCY / AFP)

Hoang Xuan Vinh est devenu le premier sportif à remporter une médaille d’or dans l’histoire du Vietnam. Il a gagné le titre olympique au tir au pistolet à 10 mètres. Peu après cette victoire, le Premier ministre de ce pays d’Asie du Sud-Est réagissait : «Nous ne devrions pas permettre que les athlètes manquent de nourriture et aient des difficultés pour s’entraîner, notamment quand les tireurs doivent faire face au manque de balles à l’entraînement.» Citée par 20 Minutes, son entraîneuse ajoutait: «Nous avons fait de notre mieux pour que les athlètes de haut niveau aient de la bonne nourriture, en quantité suffisante, mais on aurait besoin de plus», tout en précisant que l’allocation journalière de nourriture était de moins de 16 euros par jour. Des médias officiels ont par ailleurs regretté que des officiels communistes aient pris la place d’entraîneurs ou de médecins dans la délégation olympique du Vietnam.

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