Mission : arroser les réacteurs de Fukushima, en attendant l'hypothétique retour du courant
Le ballet des quatre hélicoptères CH-47 de l'armée de l'air japonaise, diffusé en boucle sur la chaîne japonaise NHK, paraît bien dérisoire. Leur cargaison de 7.500 litres d'eau de mer semble à chaque fois se disperser dans l'air, avant même d'atteindre sa cible. Et Tepco, l'exploitant de la centrale, faute de pouvoir approcher et constater de visu, est à cette heure incapable d'affirmer que l'opération sert à quelque chose.
Une opération d'autant plus délicate qu'il faut compter avec la radioactivité ambiante. Les équipages des hélicoptères doivent ainsi se relayer toutes les 40 minutes, pour limiter leur temps d'exposition. De même, les canons à eau de la police employés au sol ont dû être arrêtés, ne pouvant s'approcher assez près du combustible. Et ce sont cinq camions citernes de l'armée qui ont pris le relais, avec trente tonnes d'eau. Eux sont équipés pour pouvoir bombarder leur cible d'eau, sans que les soldats aient besoin de sortir de la cabine.
L'objectif de la mission est le même depuis le tsunami et la panne des circuits de refroidissement : arroser copieusement les barres de combustible qui risquent d'être "dénoyées", c'est-à-dire exposées à l'air libre, pour éviter qu'elles ne s'échauffent et entrent en fusion.
_ Selon Tepco, trois réacteurs seraient sous contrôle : les 1, 5 et 6. Restent donc trois autres en situation critique : les 2, 4 et surtout le n°3. Les efforts de refroidissement se concentreraient sur lui, car il est le seul à fonctionner avec du plutonium, le fameux Mox, considéré comme plus dangereux que l'uranium.
Ces arrosages, en tout cas, font figure de "bricolage", en attendant l'éventuel rétablissement de l'alimentation électrique. Tokyo Electric Power, après l'avoir annoncé pour aujourd'hui, estime maintenant que cela ne sera pas possible avant demain, vendredi, "au plus tôt".
_ Le retour du courant permettrait de relancer les pompes, qui maintiennent les piscines des réacteurs à flot, et garde donc le combustible à bonne température.
Cécile Quéguiner, avec agences
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