Les surfeurs de Fukushima
"C'est sûr qu'on peut paraître un peu cinglé, mias pour nous, l'important, ce sont les vagues!" sourit Yuichiro Kobayashi, en contemplant une trentaine de surfeurs venus s'entraîner malgré des nouvelles inquiétantes. La compagnie gérant le site nucléaire ravagé, Tokyo Electric Power (Tepco) a reconnu qu'une partie de l'eau hautement radioactive ayant fui d'un reservoir pourrait s'être écoulée dans l'océan. Fait encore plus alarmant, elle avait déclaré au début de l'été que 300 tonnes d'eau souterraine contaminée s'écoulaient chaque jour en mer.
Surfeur depuis une trentaine d'années et militant d'une association de preservation du littoral, M.Kobayashi remet régulièrement des échantillons de sable et d'eau de mer de la zone à l'école technique supérieure de Fukushima qui les analyse. Mais d'après les standards japonais, cette eau est sûre.
Selon les derniers résultats (publiés avant la fuite) un litre d'eau de mer contenait 2,95 becquerels de césium 137 et 3,27 becquerels de césium 134, soit un taux de 6,22. Les autorités japonaises considérant comme sûre une eau de baignade où la radioactivité est inférieure à 10 becquerels de césium par litre.
"Je m'inquiète mais pas au point de ne pas surfer" explque Naoto Sakai, 31 ans. "Si je devais m'inquiéter de tout ce que je mange, de là où j'habite, je stresserai trop...j'essaie juste de ne pas trop y penser".
La plage de Toyoma a été interdite au surf pendant un an après l'accident nucléaire de mars 2011 consécutif au tsunami. Toutefois, le pire de la contamination ayant été considérée comme passé, les autorités ont rouvert la plage aux surfeurs en mars 2012. Ils reviennent depuis peu mais ce site, jadis lieu de compétitions internationales, n'est désormais plus fréquenté que par des habitants du voisinage.
2 ans et demi après la pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl, les conséquences sont en revanche très concrètes pour les commerçants du secteur. Propriétaire d'un magasin de planches et de combinaisons à Iwaki, Etsuo Suzuki estime que son chiffre d'affaires a fondu de moitié.
M.Kobayaski, qui tient lui aussi une boutique d'articles de surf, attend avec impatience les mesures réalisées depuis la dernière fuite. Mais il faudrait un cataclysme pour que ce quinquagénaire renonce à sa passion.
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