Le scénario catastrophe se joue dans les 48 h à Fukushima
Pour l'Autorité américaine de régulation nucléaire (NRC), c'est dans la piscine de stockage de combustible usé du réacteur numéro quatre de la centrale nucléaire de Fukushima que la catastrophe est en train de se jouer. La NRC affirme qu'il n'y a plus d'eau dans cette piscine, et donc que les barres de combustible qui y refroidissaient, mais sont encore chaudes et actives, sont à l'air libre. Or, il n'y a pas d'enceinte de confinement au dessus de cette piscine.
Conséquence, selon la NRC, les niveaux de radiations sont par conséquent “extrêmement élevés, ce qui pourrait remettre en cause les opérations de secours” menées sur place pour éviter une catastrophe. De fait, l'hélicoptère qui a tenté de jeter de l'eau de mer dans la piscine a été obligé de rebrousser chemin, de même qu'une équipe à terre, à cause des radiations trop élevées. L'ensemble du personnel qui tente d'éviter la catastrophe au péril de leurs vies a d'ailleurs été évacué pendant une heure de la centrale.
Cette information de la NRC n'est pas confirmée par les autorités japonaises. Un responsable de l'agence japonaise de sûreté nucléaire assure au contraire que le niveau de radioactivité n'a pas cessé de baisser à la centrale de Fukushima (752 microsieverts à 17h heure locale; 338 microsieverts à 5h). Mais il reste supérieur au seuil de danger.
MEME NIVEAU QU'À TCHERNOBYL
Les spécialistes américains sont plus alarmistes et recommandent une zone de sécurité de 80 km de rayon, au lieu des 30 instaurés actuellement. Si il n'y avait effectivement plus d'eau dans cette piscine, la situation serait alors effrayante. Deux incendies se sont déjà déclenchés dans le bâtiment du réacteur numéro quatre, qui était à l'arrêt lors du séisme et du tsunami. Et la piscine, qui n'a pas d'enceinte de confinement, est “quasiment en plein air”, selon Thierry Charles, directeur de la sûreté à l'IRSN française. Seule l'eau de la piscine les protège.
En l'absence d'eau, comme dans une bouilloire dont les résistances grillent à l'air libre, les barres de combustible pourraient se désagréger. Les gaines qui entourent les pastilles de combustible s'oxyderaient comme des allumettes, explique Thierry Charles. Dans ce cas, les rejets de radioactivité seraient de même ampleur que lors de la catastrophe de Tchernobyl. Un tel rayonnement risque d'interdire l'accès au site, or, la situation de trois autres réacteurs est préoccupante.
Les 48 prochaines heures vont décider de l'ampleur de la catastrophe. Un camion citerne avec un canon à eau, appartenant à la police municipale de Tokyo, est est en chemin dans le but d'arroser à distance la piscine pour refaire monter le niveau d'eau. Il devrait entrer en action à partir de jeudi matin, une fois les préparatifs terminés.
Grégoire Lecalot, avec agences
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