"Qu'on meure de ça ou d'autre chose..." : la vie près d'une centrale nucléaire, à Civaux, dans la Vienne
Depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima, le 11 mars 2011, la France a renforcé ses centrales et EDF fait tout pour qu'elles soient bien acceptées par la population. C'est le cas à Civaux, dans la Vienne.
Civaux, joli village de la Vienne avec vue imprenable sur centrale nucléaire. Cette commune d'environ 1 200 habitant abrite la plus récente des 18 centrales du parc d’EDF. Elle produit de l’électricité pour la moitié de la région Nouvelle-Aquitaine. Avec ses immenses tours aéroréfrigérantes, la centrale domine le paysage depuis sa mise en service en 1997. "Ça ne me dérange pas", assure Georgette qui a vu sortir la centrale de terre à quelques centaines de mètres de ses pots de fleurs et qui n'a pas été plus tourmentée que cela après la catastrophe de Fukushima. "Tant pis hein, que voulez-vous y faire ? Qu'on meure de ça ou d'autre chose..."
La centrale est aussi "une manne financière", rappelle Danielle qui a, elle aussi, assisté à sa construction et qui a vu le village changer depuis. "On a eu surtout tout un tas de services, la maison de santé par exemple. Je pense que sans la centrale on n'aurait pas eu tout ça."
Sources de revenus et d'emplois
Élue maire de Civaux en 2020, Marie-Renée Desroses est également enchantée par la proximité de la centrale nucléaire qui rapporte à la commune, rien qu’en terme de taxe professionnelle, 4 millions d’euros par an.
On peut être fier d'avoir un site industriel qui emploie autant de personnes sur notre commune.
Marie-Renée Desrosesà franceinfo
Elle rappelle que le site "fait aussi vivre les écoles". "Depuis le mois de janvier, on a eu à peu près 7 enfants qui sont arrivés", un chiffre non négligeable pour une commune de 1 200 habitants. En 2018, l’Autorité de sûreté nucléaire avait pointé plusieurs incidents concernant la centrale de Civaux : erreurs de maintenance, difficulté à gérer une pollution. Corrigés depuis, ils sont considérés comme de l'histoire ancienne à Civaux mais un peu plus loin, les habitants d'autres communes sont plus mitigés.
Située à la limite du périmètre d'urgence de 20 km défini par les pouvoirs publics, la commune de Nieuil-l'Espoir, près de Poitiers, subit elle aussi la menace d'un risque radioactif mais sans tirer les mêmes profits que Civaux de la présence de la centrale.
"On y pense, on se dit que oui, ça peut être dangereux."
Une habitante de Nieuil-l'Espoirà franceinfo
"En terme d'information, c'est assez limité, il y a une brochure mais c'est très abscons comme langage, ce n'est pas très clair", commente un autre habitant. À l'intérieur du périmètre d'urgence, tous les habitants peuvent, en cas de besoin, récupérer des comprimés d’iode stable pour se protéger de la radioactivité. La préfecture de la Vienne en stocke aussi 400 000 au Futuroscope, près de Poitiers, en prévision de distributions sur l’ensemble du département.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.