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Nièvre : un film sur la catastrophe de Fukushima censuré dans une commune qui héberge une centrale nucléaire

L'association Sortir du nucléaire avait prévu une projection, huit ans après l'accident de Fukushima, au Japon. Mais l'événement a été annulé, après que la centrale nucléaire toute proche a contacté la mairie.

Article rédigé par franceinfo - Fabien Randrianarisoa, édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'association Sortir du nucléaire était à l'origine de cette projection du film "Fukushima le couvercle du soleil". (Fabien RANDRIANARISOA / RADIO FRANCE)

Un film sur la catastrophe nucléaire de Fukushima a été censuré, dans la Nièvre. À Cosne-sur-Loire, à l’occasion de la sortie du film Fukushima le couvercle du soleil, mercredi 6 mars, l’association Sortir du nucléaire avait prévu une rencontre/débat autour du film. "On a appris par le gérant du cinéma de Cosne la sortie nationale de ce film. Donc évidemment, on a sauté dessus, raconte Françoise Pouzet, l’une des militantes. Avec la boîte de distribution, il a été possible d'avoir deux intervenants japonais, on avait tout calé."

L’association Sortir du nucléaire a déjà programmé des films dans ce petit cinéma de deux salles au bord de la Loire. Il paraissait donc normal, pour l'association antinucléaire, d’y commémorer les huit ans de la catastrophe de Fukushima.

Cosne-sur-Loire est une petite ville, qui est située maintenant entièrement dans le périmètre du Plan particulier d'intervention en cas d'accident nucléaire.

Françoise Pouzet

à franceinfo

Les tracts sont imprimés, les affiches placardées. Mais dix jours avant l’événement, le gérant du cinéma est convoqué à la mairie. La centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire, à 15 kilomètres de là, a fait savoir qu’elle ne voulait pas de cette rencontre. "Cosne-sur-Loire reçoit, comme toutes les communes qui sont impactées par EDF, des subventions, notamment pour le festival des Avant-premières à Cosne et pour le projet de la municipalité de faire une troisième salle de cinéma à l'Eden", décrypte Françoise Pouzet.

 Le film "Fukushima le couvercle du soleil" est sorti le 6 mars 2018. (Fabien RANDRIANARISOA / RADIO FRANCE)

"Tout est là", explique le maire, Michel Veneau, dans la presse locale : "C'était un problème de partenariat avec la centrale nucléaire de Belleville." 

La projection finalement déportée dans une autre ville

La rencontre aura donc lieu une trentaine de kilomètres plus loin, à La Charité-sur-Loire au Crystal palace, qui a accepté de reprendre le film en catastrophe. "Sur le propos, nous on n'a pas à juger notre collègue sur son retrait par rapport aux pressions qu'il a subies", juge le gérant, Michel Morlet.

"C'est un état de fait, on a été prévenus au dernier moment pour l'accueil de ce film-là parce qu'ils ne trouvaient pas d'autres solutions immédiates. Donc on était là pour l'accueillir, avec les débats, avec tout ce que ça peut comporter. Et puis bon, dans la mesure où on est aussi dans le grand débat, pourquoi pas", juge Michel Morlet. Contacté par son collègue, le responsable du cinéma l’Eden, lui, regrette une polémique inutile. Du côté de la centrale de Belleville-sur-Loire, elle ne fait aucun commentaire.

La censure d'un film sur la catastrophe de Fukushima, le reportage franceinfo de Fabien Randrianarisoa

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