Japon : quelle est la situation à la centrale de Fukushima sept ans après le tsunami ?
Le 11 mars 2011, la centrale nucléaire Fukushima Daiichi avait été gravement endommagée après un tsunami.
C'était il y a sept ans. Le 11 mars 2011, un violent tsunami endommageait la centrale nucléaire Fukushima Daiichi, provoquant un grave accident nucléaire. Sept ans plus tard, le long travail de démantèlement se poursuit et une nouvelle étape importante doit débuter cette année, avec l'enlèvement du combustible de la piscine d'un des réacteurs.
Franceinfo fait le point sur la situation.
Les réacteurs les plus touchés toujours refroidis en permanence
Les cœurs des réacteurs 1 à 3 ont fondu au moment de l'accident et doivent être refroidis en permanence. L'exploitant Tepco est toujours en train d'essayer de localiser précisément le combustible fondu dans ces trois tranches, pour ensuite mettre en œuvre les conditions nécessaires pour l'extraire.
Actuellement, des missions d'observation à l'aide de robots télécommandés sont menées pour essayer de frayer un passage et observer l'intérieur des réacteurs. Cependant le délicat processus d'extraction, pour lequel les moyens techniques restent à développer, ne débutera pas avant 2021, avait récemment indiqué Tepco.
En attendant, la société a dit pouvoir entamer "au milieu de l'année budgétaire 2018" les travaux d'enlèvement des assemblages de combustible de la piscine de désactivation de l'unité 3. La construction d'un toit au-dessus de ce bassin a été achevée fin février, pour éviter les fuites de radioactivité pendant l'extraction. Cette opération n'est prévue qu'à partir de 2023 pour les unités 1 et 2.
Le réacteur 4 débarassé du combustile nucléaire
Au niveau du réacteur 4, dont le cœur n'a pas fondu, les travaux d'enlèvement des assemblages de combustible situés dans la piscine ont été achevés fin 2014. Plus à l'écart, les réacteurs 5 et 6 ont été moins touchés et ne présentent pas les mêmes difficultés.
Un énorme volume d'eau contaminée
Une impressionnante quantité d'eau est utilisée pour assurer le refroidissement des réacteurs, à laquelle s'ajoutent les eaux de pluie qui se contaminent en traversant la centrale. Au total, environ 1 million de m3 d'eau est stocké sur le site, principalement dans un millier de cuves, et ce volume augmente chaque jour. Tepco a réussi à diviser par quatre, à "environ 100 tonnes par jour", le rythme d'augmentation du volume d'eau contaminée, selon Naohiro Masuda, responsable du démantèlement au sein du groupe.
Un mur de glace souterrain est en place autour des bâtiments depuis la mi-2017 pour éviter que les eaux ne soient souillées au contact des installations. Pour limiter les fuites, un mur imperméabilisant est en place depuis 2016 du côté de la mer, tandis que le sol de la centrale a été presque entièrement bétonné. L'eau est déjà en partie traitée mais aucune solution n'a encore été trouvée pour éliminer un de ses éléments radioactifs : le tritium.
A terme, elle pourrait bien être rejetée en mer, comme le recommandent certains experts, mais le gouvernement n'a pas encore pris de décision. "Différentes options techniques sont en discussion", selon Satoru Toyomoto, un des responsables du démantèlement au ministère de l'Industrie. Inquiet pour l'image déjà dégradée de la région, le gouverneur de Fukushima, Masao Uchibori, a appelé le gouvernement et Tepco "à prendre en considération le possible impact social et sur la réputation (de la région) dans leurs réflexions".
Une montagne de déchets radioactifs
Tepco s'attend à devoir stocker 750 000 m3 de déchets solides d'ici 2029, dont une partie radioactifs, contre 350 000 m3 l'an dernier. Un travail important de caractérisation de ces déchets, dont la composition et les niveaux de radioactivité seront très disparates, devra avoir lieu. Huit bâtiments d'entreposage ont été construits et un chantier pour un neuvième a débuté le mois dernier. D'autres structures de stockage sont en projet.
Des problèmes de personnel
Environ 6 000 personnes travaillent chaque jour sur le site, un nombre en baisse par rapport aux années précédentes et, selon Tepco, "les conditions de travail" des milliers d'intervenants sur le site "s'améliorent" progressivement. Entre avril 2017 et décembre 2017, 58 ouvriers ont reçu une dose cumulée de plus de 20 millisieverts (mSv), la limite annuelle des travailleurs du nucléaire, selon les évaluations de l'entreprise. Ils étaient encore 216 entre avril 2016 et mars 2017.
Alors que se pose le problème du maintien d'intervenants compétents sur place pendant des décennies quand les jeunes renâclent à entrer dans ce secteur discrédité, Naohiro Masuda assure que Tepco a "stabilisé la situation en termes de besoin de main d'œuvre".
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