Grâce à cette nouvelle loi, les jeunes Japonais pourront réfléchir à deux fois avant de jouer dans un film porno
Le Parlement japonais a voté le 15 juin dernier une loi spécifique pour protéger les hommes et les femmes qui apparaissent dans des films pour adultes. Désormais, ils auront le droit de faire retirer de la vente ou des sites de diffusion des vidéos qu'ils n'assumeraient plus ou qui auraient été réalisées sous pression.
Le sujet du consentement dans l’industrie pornographique est pris très au sérieux au Japon. L'industrie japonaise du film pour adultes est l'une des plus grandes au monde. On parle d'un chiffre d'affaires de plus de 20 milliards d'euros par an. Et il y a beaucoup d'abus, notamment avec les jeunes femmes qui se retrouvent dans des productions sans vraiment avoir pris conscience de l'impact que ce travail allait avoir sur le reste de leur vie.
Selon un sondage du gouvernement réalisé en 2020, un quart des femmes japonaises entre l'adolescence et la quarantaine ont déjà été approchées par des "dénicheurs de talents" qui leur promettent des carrières dans la mode ou la chanson et 13% de celles qui ont donné suite à ces propositions ont déclaré avoir été orientées sans leur consentement vers des tournages vidéo ou des séances photo de nature sexuelle.
Les parlementaires ont profité du passage de l'âge légal à 18 ans au lieu de 20 ans pour mieux encadrer cette activité. Ils avaient logiquement peur que de très jeunes femmes, tout juste sorties du lycée, se retrouvent recrutées par les producteurs de films pornos sans comprendre ce qui se passe. C'est effectivement toujours la même technique, ont témoigné plusieurs jeunes femmes venues raconter aux parlementaires comment elles étaient tombées dans ce piège. On vous dit que vous êtes très mignonne, que vous allez être mannequin. Et puis les photos s'enchaînent et elles sont de plus en plus dénudées. Celles qui tentent de rompre leur contrat se voient souvent menacées de devoir payer des indemnités astronomiques, selon un rapport de l'ONG Human Rights Now publié en 2016.
Délais de réflexions multiples et sanctions
Désormais, les producteurs de ces films devront attendre au moins un mois entre le moment où ils font signer un contrat à une actrice ou un acteur et le moment où ils leur font tourner un film X. Et ensuite ils devront attendre au minimum quatre mois avant de diffuser ce film. L'idée, c'est de donner du temps de réflexion aux jeunes recrues qui ne se retrouvent pas piégées en fait, ou forcées par des adultes. Ils ont le temps de réaliser ce qui se passe.
Par ailleurs, la loi leur permet maintenant d'exiger le retrait total de la vidéo dans laquelle ils apparaissent jusqu'à un an après la sortie du film. Le producteur est alors obligé de retirer le film de toutes les plateformes en ligne et il ne peut pas demander de dédommagement aux acteurs qui ont soudain changé d'avis. Et que se passe-t-il si le film continue d'être diffusé ?
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La loi prévoit des sanctions contre les producteurs et les réalisateurs malintentionnés s'il est prouvé qu'ils ont refusé de retirer les vidéos ou s'ils ont fait pression sur les jeunes recrues pour qu'il n'annule pas leur contrat, ils risquent des amendes pouvant aller jusqu'à 100 millions de yens, c'est à dire 700 000 euros et dans certains cas, ils pourront aussi être condamnés à des peines de prison ferme.
La loi ne satisfait cependant pas tout le monde et un groupe d'opposants aurait ainsi préféré l'interdiction pure et simple des tournages pornographiques, dénonçant un texte "légalisant la traite des êtres humains. Les souffrances liées aux films pour adultes ne sont pas le résultat des contrats, mais de l'humiliation née de la violence physique et sexuelle et de la nécessité d'avoir des rapports sexuels réels", a déclaré ce groupe dans un communiqué.
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