A Fukushima, les autorités cherchent toujours des solutions
L'origine d'une fuite d'eau radioactive a enfin été localisée dans le sous-sol de la centrale. Entre cache-misère et solutions à long terme, francetv info récapitule les options envisagées pour contenir la catastrophe.
Les difficultés s'enchaînent à Fukushima. Le 1er septembre, des niveaux de radioactivité records ont été relevés sur le site de la centrale endommagée en 2011 par un tremblement de terre, puis un tsunami. Quelques semaines plus tôt, le gestionnaire du site, Tepco, y constatait des fuites d'eau radioactive. La situation semble hors de contrôle.
"L'accident de Fukushima est exceptionnel dans l'histoire de l'humanité", rappelle Marc Saint-Aroman, du réseau Sortir du nucléaire, interrogé par francetv info. "A Tchernobyl, on a sacrifié des hommes pour contenir la catastrophe. A Fukushima, on ne connaît toujours pas la situation exacte à l'intérieur de la centrale. On ne peut donc pas trouver de vraies solutions." En attendant de faire mieux, Tepco et le gouvernement japonais multiplient les annonces, peut-être aussi pour convaincre le comité olympique de confier l'organisation des JO d'été de 2020 aux Nippons. Francetv info liste les options envisagées.
Les solutions "sparadrap"
Geler le sol. Tout part d'une simple histoire de cycle de l'eau. A quelques kilomètres de la centrale nucléaire, une colline recueille l'eau de pluie, qui s'infiltre dans le sol et ruisselle ensuite jusqu'à la mer. Sauf qu'à Fukushima, elle rencontre sur son trajet une centrale nucléaire endommagée et un sol radioactif. Le magazine américain The Atlantic détaille une solution un peu folle : geler le sol sur 8 km de façon à créer un mur autour de la centrale, puis forer la terre pour y injecter de l'azote liquide, ce qui déviera les courants d'eau sous-terrains.
Murer l'accès à l'océan. Depuis le tsunami, le sous-sol de la centrale est noyé. Cette eau traverse les galeries endommagées pour regagner l'océan. De même, le terrain sur lequel a été construite la centrale nucléaire est gorgé d'une eau qui communique directement avec l'océan. Les ingénieurs sont donc en train de construire un mur qui prendra racine à 15-20 m de profondeur, pour empêcher le flux et le reflux d'eau de mer sous la centrale.
Mieux surveiller les fuites. "Les systèmes de stockage de l'eau de refroidissement, ses réservoirs et ses kilomètres de tuyaux ont été construits dans la précipitation. La qualité n'est sûrement pas parfaite et les fuites sont donc fréquentes", explique à francetv info Thierry Charles, directeur de la sûreté à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. D'après lui, il faudrait dans un premier temps mieux surveiller l'installation pour prévenir les fuites d'eau radioactive, avant de s'attaquer au fond du problème.
Les solutions à plus long terme
Renvoyer un robot dans la centrale. "L'urgence, aujourd'hui, est de consolider les enceintes de confinement", insiste Thierry Charles. Plus facile à dire qu'à faire, puisque Tepco ne sait toujours pas par où fuit l'eau envoyée quotidiennement pour refroidir le réacteur. Et pour cause : personne n'a pu pénétrer dans son sous-sol depuis la catastrophe, sauf un robot équipé d'une caméra, qui n'a pas trouvé l'origine de la fuite. En revanche, Tepco a diffusé, jeudi 5 septembre, une vidéo montrant des avancées dans la localisation de l'origine d'autres écoulements, notamment l'eau de la nappe phréatique qui traverse le sous-sol d'autres parties de la centrale et qui s'évacue dans l'océan.
Vider les piscines de stockage. "Les fuites d'eau ne sont qu'une conséquence collatérale", résume Marc Saint-Aroman. Car les piscines dans lesquelles le combustible radioactif usagé était stocké doivent être désormais vidées. Thierry Charles explique qu'un bâtiment a été construit au-dessus de celui d'origine afin de contenir les fuites radioactives, et que les travaux sur la piscine du réacteur n°4 commenceront en novembre. Les trois autres seront traitées plus tard.
Continuer à refroidir les cœurs des réacteurs, en attendant. Depuis le tremblement de terre de 2011, Tepco envoie de l'eau froide sur les réacteurs nucléaires – et cela n'est pas prêt de s'arrêter. "Les premiers travaux de démantèlement du cœur commenceront dans dix ans", précise Thierry Charles. Et ils prendront trente ans, estime l'expert. Marc Saint-Aroman abonde : "la situation est sans précédent", donc toutes les solutions proposées sont inédites.
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