Jacques Chirac s'élève contre les faux médicaments
L'ex-Président de la République a lancé lundi à Cotonou une campagne internationale contre les médicaments contrefaitsL'ex-Président de la République a lancé lundi à Cotonou une campagne internationale contre les médicaments contrefaits
"De toutes les inégalités, la plus blessante est l'inégalité devant la santé", a déclaré Jacques Chirac en lançant son "appel de Cotonou" devant un parterre de présidents africains.
Dénonçant un crime, il a appelé à une conférence mondiale en 2010 à Genève en vue d'une "Convention internationale de lutte contre les faux médicaments".
"Nous exprimons le voeu que les Etats mettent en oeuvre, sans délai, des politiques sécurisées d'accès universel à des médicaments de qualité, en cohérence avec les objectifs du millénaire pour le développement", a déclaré Jacques Chirac.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un médicament sur quatre est faux dans les pays en développement et 200.000 décès pourraient être évités chaque année si les médicaments prescrits contre le paludisme notamment étaient conformes à la réglementation.
Le trafic correspondrait à 10% du marché pharmaceutique mondial, soit quelque 45 milliards d'euros selon l'OMS. "Il est de notoriété publique que le trafic de faux médicaments est florissant et extrêmement rentable", explique le Pr Marc Gentilini, délégué général pour l'accès aux médicaments de qualité de la Fondation Chirac. Selon lui, "il est en train de passer devant le trafic de drogue". Amor Toumi, de l'OMS, souligne lui qu'un comprimé de faux Viagra coûte 0,05 dollar à fabriquer et que le bénéfice est de 6.000 à 20.000 %, selon qu'on le vende sur l'internet (3 dollars) ou sur le marché officiel (10 dollars).
Les faux médicaments tuent
Il y a eu 300 morts au Panama en 2006 à la suite de l'utilisation d'un excipient contrefait. Près de 100 bébés sont morts au Nigéria en 2008, après avoir absorbé du faux sirop de Paracétamol. Outre les décès directs, il y a les maladies mal soignées qui durent, suscitant une méfiance des malades à l'égard de la médecine moderne.
Ces faux médicaments recèlent le plus souvent peu de principe actif voire, selon le Dr Robert Sebbag, vice-président de Sanofi-Aventis, "des substances hautement toxiques". Les faux anti-paludiques ou antibiotiques se trouvent dans les pharmacies de rue ou de marché en Afrique ou en Asie. 30 à 70% des anti-paludiques en circulation en Afrique sont de faux médicaments, totalement ou partiellement relève le Pr Gentilini ajoutant "Le sous-dosage est catastrophique".
Aucun suivi
Pour Faustin Kabeya, président du Conseil provincial de l'Ordre des pharmaciens de Kinshasa "Le circuit de distribution officiel n'est pas respecté, l'importateur-distributeur n'est pas contrôlé, on ne sait pas à qui il vend et un médicament périmé ou faux peut rentrer dans le circuit et se retrouver partout", dit-il encore, regrettant qu'il n'y ait pas de "réelle volonté politique" pour lutter contre ce problème "très grave".La communauté commence à agir
L'OMS a essayé de renforcer la coopération mondiale avec la mise en place du réseau Impact, et les arrestations se sont multipliées. Ainsi, l'an dernier, l'opération Storm a abouti en Asie à la saisie de 6,6 millions de dollars de faux antibiotiques et de faux traitements contre le sida.L'opération Pagéa, menée par Interpol contre le trafic de médicaments sur l'internet, a permis des saisies de médicaments contre le diabète, l'impuissance et l'obésité. Un réseau a été démantelé au Mexique.
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