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Quand les mafias narguent Interpol et se piquent d’environnement

Comment se fait-il que le maillage policier de la criminalité au-delà des frontières, ne soit pas aussi efficace qu'il le devrait face aux syndicats du crime ? Pour Interpol, les chefs mafieux du monde entier collaborent et surfent sur la mondialisation et la toile bien plus vite que la police. Tout en diversifiant leurs activités. Leur nouveau terrain de jeu, l’environnement.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"Ci-gît la Camorra": funérailles fictives de la mafia, mises en scène à Naples, 17 avril 2010. (AFP PHOTO / MARIO LAPORTA)

Lors de leur assemblée générale d'Hanoï fin 2011, les super flics d’Interpol se sont échangés leurs bons tuyaux sur les associations entre mafias, déjà qualifiées en 1992 de «joint-ventures d'activités illicites au niveau international», par le juge Giovanni Falcone, dix jours avant son assassinat par Cosa Nostra.

En 2010 à Doha, Jean-Michel Louboutin, leur directeur exécutif, expliquait le phénomène : «les connections n'ont jamais été aussi faciles pour eux. Ils ont tout l'argent qu'ils veulent et sont à la pointe de la technique. Ils s'adaptent rapidement: chaque fois qu'une contre-mesure est établie, ils trouvent de nouveaux modes opératoires. Pour nous, la difficulté est d'essayer d'anticiper. Et c'est souvent une question de moyens, de réactivité».


La mafia calabraise s’implante en France
(Le Soir 3, France 3, 26 novembre 2009)


Les garants de l’ordre sont également confrontés aux limites des différentes législations entre les pays dont les mafieux traquent et exploitent les moindres failles. Le tout en un temps record, car la bureaucratie n'existe pas dans la grande criminalité.

Qui plus est, internet permet à leurs chefs de se réunir moins souvent et de conclure des alliances plus discrètes et plus éphémères. Et de fait, d'être moins repérables.

Pour y répondre, Interpol a prévu d’installer un centre hi-tech, consacré à la lutte contre la cybercriminalité et aux techniques modernes d'identification, à Singapour. Trois cents policiers, experts et techniciens y travailleront… en 2014.

Les mafias se partagent un gâteau vert
Aujourd’hui, les gangs ont investi un nouveau secteur juteux, mal surveillé et bien moins risqué que le narco-trafic : l’environnement (braconnage et trafic d’animaux, pêche illégale ou escroqueries aux quotas-carbone). Rien que le trafic d'espèces sauvages est évalué à plus de 20 milliards de dollars par an, avec des saisies d'ivoire pouvant atteindre vingt millions de dollars par prise sur le marché noir.

Concernant la taxe-carbone, les fraudes à la TVA «dépasseraient en Europe les cinq milliards d'euros», selon Noël Pons, un autre spécialiste de la criminalité qui a dénoncé fin 2010 dans une "note d'alerte" présentée à l'Institut de criminologie de Paris II, une "prédation criminelle de l'écologie".

Sans oublier le traitement des ordures et des déchets, où les mafias grenouillent depuis des lustres et, nouveauté, les fraudes aux aides publiques notamment dans le secteur de l'éolien, qui rapportent des millions.

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