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Politique et justice: l'exemple de Berlusconi en Italie
La France n’est pas le seul pays à connaître une violente polémique entre le monde politique et la justice. L’Italie a été coutumière du fait avec la personnalité de Berlusconi qui a multiplié les attaques contre la magistrature transalpine avec une outrance toute personnelle et un certain succès… jusqu’à sa dernière condamnation.
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En France, c'est l'affaire Fillon qui a remis à la Une l'opposition entre politiques et magistrats. Le candidat à la présidentielle a évoqué à son propos «un assassinat en effet, mais par ce déchaînement disproportionné, sans précédent connu, par le choix de ce calendrier, ce n'est pas moi seulement qu'on assassine. C'est l'élection présidentielle. C'est le vote des électeurs de la droite et du centre qui est fauché.»
Cette mise en cause de l'institution judiciaire, partagée aussi par Madame Le Pen, et par d'autres il n'y a pas si longtemps, a atteint des sommets dans un pays voisin, l'Italie.
Les juges «métastases de la démocratie»
Silvio Berlusconi en avait fait une marque de fabrique politique, aimant se présenter en victime des juges. Il traitait ceux-ci, tour à tour, de «métastases de la démocratie», d'«association de malfaiteurs au sein de la magistrature qui cherche à renverser les résultats électoraux», formant «parti des juges de gauche». Il qualifiait en substance la Cour constitutionnelle de repaire de dangereux gauchistes, d'organe déloyal et politisé...
Pourtant, Silvio Berlusconi doit une fière chandelle au monde judiciaire. L’homme d’affaires, richissime, est arrivé au pouvoir pour la première fois en 1994 dans le contexte particulier de la grande lessive de la classe politique italienne provoqué par la justice à l’occasion de l’opération mani pulite (mains propres).
Berlusconi finalement condamné
Au début des années 90, ces opérations lancées par le parquet de Milan ont mis au jour un système de corruption et de financement illicite des partis politiques. Des ministres, des députés, des sénateurs, des entrepreneurs et même des ex-présidents du conseil ont été impliqués. La classe politique a dû se recomposer, après la disparition de partis clefs de l’après-guerre, comme la Démocratie chrétienne (DC), le Parti socialiste italien (PSI), le Parti socialiste démocratique italien (PSDI).
Et la droite italienne s'est positionnée derrière l'homme d'affaires Silvio Berlusconi, malgré son passé financier sulfureux. Des accusations tous azimuts ne l’empêcheront pas d’être élu et réélu, et de dominer la vie politique italienne pendant de nombreuses années. Il a été président du conseil de 1994 à 1995, de 2001 à 2006 et de 2008 à 2011.
Celui qui a aimé se battre avec les juges en appellant toujours les électeurs à la rescousse a eu finalement une des plus longues carrières politiques de l'après-guerre italien. Ce n'est qu'en 2013 que la Cour de cassation italienne a fini par le condamner. Le rendant inéligible.
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