En Italie, la délicate question de l'accueil des mineurs isolés
Le week-end a été dantesque à Lampedusa, en Italie. Samedi 26 et dimanche 27 août, plus de 4 000 migrants se massaient dans le centre d’urgence, conçu pour en accueillir 600. Des dizaines de bateaux ont accosté sur la petite île, mais aussi ailleurs en Italie, en Calabre, et dans les Pouilles notamment. Si la météo, nettement moins clémente, devrait entraîner une diminution des arrivées dans les jours à venir, le nombre de migrants débarqués cette année approche des 110 000, c'est plus que toute l'année 2022.
Dimanche, il était 7 heures et demie quand le Geo Barents, bateau de Médecins sans frontières dédié au sauvetage en mer des réfugiés en Méditerranée, a accosté à Brindisi, dans les Pouilles. "Il y avait beaucoup de petits enfants avec des mères très jeunes et énormément de mineurs isolés, très jeunes", a expliqué dans la foulée la responsable de Médecins sans frontières, qui s'exprimait à la télévision italienne. Parmi les exilés à bord, il y avait 110 mineurs isolés.
Des mineurs qui finissent à la rue
Ces adolescents sont 21 000 en ce moment en Italie. La moitié a presque la majorité. Mais l'âge moyen tend à baisser avec des arrivées d'enfants de 13 ou 14 ans, venus d'Egypte en particulier. Selon l'association Save the Children, il manque 2 000 places pour les accueillir en Italie, faute de quoi les délais administratifs s'allongent.
Alors ces adolescents, qui visent souvent d'autres pays, s'éloignent des centres d'accueil, au risque de tomber dans les mains de trafiquants, comme à Vintimille, près de la frontière française. "Il y en a 8 à 10 par jour. Et à Vintimille, il n'y a pas de centres d'accueil. Souvent, malheureusement, le risque, c'est que les personnes finissent dans la rue", se désole Niccolò Gargaglia, de l'association Save the Children.
Le gouvernement sous pression
Le sujet des migrants, mineurs et majeurs, est sur la table du gouvernement qui reprend le travail ce lundi. Pour les mineurs, un contrôle plus strict de leur âge au moment du débarquement est envisagé et plus largement, un nouveau durcissement des règles est dans l'air. Giorgia Meloni, la présidente du conseil, doit aussi répondre aux critiques venues de toutes parts. Celles des maires sur les centres qui débordent sans moyens supplémentaires, celle de la gauche sur les grands principes de l'accueil, celles de la presse qui rappelle l'un des thèmes de la campagne qui a valu la victoire à la Première ministre il y a un an : "Porti chiusi", les ports fermés, alors que c’est le contraire qui se produit.
Le ministre de l'Entreprise et du Made in Italy, Adolfo Urso, a été dépêché dimanche à Lampedusa, et en a appelé à l'Union européenne. "L'Europe ne peut pas laisser l'Italie affronter seule ce phénomène massif de migrants qui voit dans Lampedusa la porte d'accès à l'Europe." Au même moment, trois navires d'ONG, qui n'ont pas respecté le code de conduite très strict du gouvernement, sont bloqués au port.
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