Ils sont des dizaines de milliers dans des halls d'exposition, des salles de spectacle, des gymnases ou même des stades. Des concours gigantesques où se précipitent les Italiens qui se battent pour décrocher l'emploi à vie. Ce jour-là, ils sont 12 000 candidats venus de tout le pays. Enjeu : 400 places d'infirmiers dans les hôpitaux publics. Ils ont traversé toute la péninsule pour devenir fonctionnaire. L'Italie a toujours organisé ces grands concours pour recruter ses fonctionnaires. Mais avec la crise, le système s'emballe : 10 000 candidats pour un seul poste de professeur, 18 000 candidats pour 30 postes de pompiers ou encore 22 000 candidats pour 50 postes de policiers.Une génération sacrifiée de l'emploiAujourd'hui, 33% des jeunes Italiens sont au chômage. Les autres sont souvent en CDD ou même en stage. Ils sont donc prêts à tout pour le poste fixe. Un sacrifice qui commence par un long trajet. Les candidats aux méga-concours italiens sont tellement nombreux que des bus entiers à petits prix sont affrétés spécialement pour eux. Les épreuves sont toutes organisées dans le nord du pays. Plusieurs fois par semaine, des bus partent de Salerme ou Bari vers Milan ou Udine. Une transhumance longue de 800 kilomètres vers un avenir meilleur. Ils sont la génération sacrifiée de l'emploi.