"Si on perd du temps, on perd de l’argent" : un mois après l'effondrement du pont Morandi, Gênes reste fragilisée
Alors que Gênes commémore vendredi le souvenir des victimes de la chute du viaduc il y a un mois, la ville tente de regarder vers l'avenir, avec difficulté, en raison des complications routières engendrées.
Un mois après l'effondrement du pont Morandi, Gênes (Italie) rend hommage vendredi 14 septembre aux victimes du drame qui a coûté la vie à 43 personnes, dont quatre Français. Au-delà de l'émotion toujours très présente, la ville apprend à vivre sans le viaduc qui la traversait. Les embouteillages sont permanents sans ce pont qui assurait aussi la liaison avec le reste de l’Europe.
Tout en chargeant et déchargeant des containers, comme il le font depuis 40 ans, Riccardo et Paolo expliquent que leur paysage quotidien s'est effacé. "Ce pont, je le traversais dix à douze fois par jour", lance l'un. Le 14 août dernier, leur patron leur a demandé de faire un détour pour récupérer un autre container. "Sinon, j’aurais été dessus. Je suis un miraculé", explique Paolo. Sur l’unique route reliant désormais l’ouest à l’est de Gênes, les poids lourds roulent à touche-touche avec les voitures. Entre 10 000 et 20 000 véhicules empruntaient le pont Morandi chaque jour. Vincenzo travaille pour Messina, l’un des plus grands armateurs de Gênes. Son entreprise réfléchit à modifier les horaires de travail pour éviter l’enfer au personnel. Depuis la catastrophe, ce salarié doit se lever une heure plus tôt et le retour est aussi très compliqué. "Le drame, c’est le soir. La circulation est terrible. Mais pour mon entreprise, c’est le salon nautique que l'on craint", explique Vincenzo, alors que l'ouverture est prévue le 20 septembre.
Le grand rendez-vous nautique de Gênes sera un test. La région et la commune en font la promotion en souhaitant que les problèmes de circulation routière ne fassent pas renoncer les visiteurs. Gênes ne devrait pas perdre en compétitivité à terme, espère Sandro De Caro, patron d’une société de transports qui possède une vingtaine de camions sur le port, un secteur stratégique de la ville. Mais pour le chef d'entreprise le surcoût généré par la chute du pont se compte en milliers d’euros. "Les coûts augmentent pour toutes les entreprises qui travaillent autour de Gênes. Si pour aller à Milan ça prend deux heures de plus, trois autres heures pour aller ailleurs, explique-t-il. Moi, je ne peux pas faire travailler mes chauffeurs 24 heures de suite. Je vais devoir embaucher du personnel. Si on perd du temps, on perd de l’argent. C’est tout simple."
Ce patron demandera une indemnisation pour les frais engendrés par l’écroulement du pont. Et comme tous, il réclame la construction d’un nouveau viaduc, au plus vite.
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