"Il aura fallu tous ces morts pour trouver une solution ?": après la catastrophe, l’amertume des habitants de Gênes
Après l’effondrement du pont à Gênes, l'annonce de la constitution d'un fonds pour les familles des victimes et la mobilisation de 500 millions d'euros d'aide à la cité portuaire n’ont pas dissipé l’amertume des Gênois.
"Autostrade est le seul responsable, maintient Edoardo Rixi, secrétaire d’Etat aux Infrastructures et au Transport. Ceux qui comme moi viennent de Gênes savent très bien ce que représentait ce pont, la fréquence à laquelle ils l’empruntaient et la chance qu’ils ont eu de ne pas se trouver sur les lieux du drame. Nous devrons être intransigeants avec ceux qui n’ont pas assuré la sécurité publique."
Autostrade ciblée par le gouvernement
Depuis la catastrophe qui a fait 43 mort mardi, les membres du gouvernement ciblent les dirigeants d'Autostrade, la société concessionnaire de l’autoroute A10 à coups de tweets et de déclarations cinglantes. La polémique a enflé toute la semaine. Samedi, ses dirigeants ont tenu une conférence de presse, avec plusieurs annonces : un fonds de 500 millions d’euros pour la reconstruction du pont et la constitution d'un fonds pour les familles des victimes. Mais pas d’excuses. On s’excuse si on se sent responsable selon son directeur général.
"Nous ressentons une grande compassion et une grande tristesse envers les victimes, leurs familles et la collectivité, a ainsi déclaré le président de la compagnie, Fabio Cerchiai. Pour autant, nous ne pensons pas qu’il soit possible d’assumer la responsabilité de cet évènement : ce sont les enquêteurs qui la définiront et nous les aiderons autant que possible."
"Ils ont énormément augmenté le prix des péages"
De nombreux Gênois ont dénoncé la vétusté du pont, ses boulons qui sautent, la route qui tremble, les creux et les bosses. La société Autostrade s’est engagée à reconstruire le pont d’ici huit mois. Mais, aux yeux de Cristiana, elle sera toujours coupable : "Ils ont énormément augmenté le prix des péages, sans la maintenance qui va avec, explique-t-elle. Il y avait bien sûr de l’entretien, mais c’était du rafistolage. J’espère que ce nouveau gouvernement arrivera à faire avancer les choses. Et j’y crois." "Les personnes qui nous gouvernent essaient de diviser les Italiens, déplore de son côté Marco. A l’aide des réseaux sociaux, Facebook en particulier, ils montent les personnes les unes contre les autres. Mais ce serait bien qu’ils soient aussi proches de ceux qui ont perdu leur maison."
On n’a pas vu notre ministre Salvini, ni notre président, soutenir ces habitants. On ne les a pas vus et c’est très grave
Marcoà franceinfo
Parmi ces habitants, Galvino. Lui et sa famille ont échappé au pire mardi. Leur maison se trouve à trente mètres du pont. Ils l’ont quittée dans l’urgence et ont dit adieu à trente ans de souvenirs. Et pourtant, ils refusent de désigner un coupable. "Le problème, ce n’est pas notre gouvernement ni Autostrade, explique Galvino. Le problème c’est de savoir qui n’a pas fait son devoir ? Cela fait dix ans, quinze ans, qu’on tire la sonnette d’alarme à propos de ce pont. Il aura fallu tous ces morts pour trouver une solution ? Une solution à quoi, à la mort ? Il n’y a pas de solutions à la mort, c’est définitif." Loin de ces polémiques, sa priorité à lui est de trouver un toit et de se reconstruire.
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