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"De ce pont sont tombés pendant des années des boulons, des gravats..." : la colère d'un habitant du quartier du pont Morandi à Gênes

Gavino, Wendy et leurs trois enfants ont dû abandonner leur maison située à trente mètres du pont qui s'est effondré.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue - édité par Julien Pasqualini
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Plus de 600 habitants du quartier du pont Morandi à Gênes ont dû abandonner leur logement pour des questions de sécurité. (MARCO BERTORELLO / AFP)

À Gênes, les 634 habitants du quartier de Sampierdarena évacués mardi après l'effondrement du viaduc Morandi à Gênes ne peuvent plus regagner leur maison. Beaucoup sont hébergés chez des proches, d'autres ont été relogés dans des hôtels ou chez des particuliers.

>> Gênes : cinq questions qui se posent après la catastrophe

La bibliothèque du quartier a été transformée en centre de gestion des réfugiés. C'est là que Gavino, Wendy et leurs trois enfants essaient de trouver de l'aide. "Nous sommes détruits et démunis", racontent-ils.

Besoin d'une aide psychologique

Tous sont hantés par cette scène apocalyptique du pont qui s'effondre, surtout la petite dernière. "Elle a vu le pont tomber, explique le père, elle a vu l'orage et la pluie, elle me demandait 'pourquoi la pluie est-elle si méchante ?, pourquoi c'est arrivé ?' C'était dramatique, elle pleurait, elle criait avec sa chaussure à la main : 'Papa, papa, mets-moi la chaussure, on doit s'échapper !" 

"Je suis ensuite revenu sur les lieux pour porter secours aux gens", poursuit Gavino. J'ai sorti une famille entière morte dans une voiture. C'était indescriptible."

"Nous avons vraiment besoin d'une aide psychologique", souffle Wendy, en larmes. 

Ma fille va mal, elle ne dort pas la nuit, elle se réveille en criant 'le pont, le pont !'. Elle en a déjà trop vu

Wendy, habitante du quartier du pont Morandi

à franceinfo

Ce qui énerve encore plus Gavino, c'est que c'était, selon lui, une tragédie annoncée. "De ce pont sont tombés pendant des années des boulons, des gravats, des morceaux, on a envoyé mille signaux d'alarme", assure-t-il. "Ça tombait sur les voitures, sur les immeubles, il y a eu de nombreuses plaintes déposées pour dégradations. Ce pont était dangereux, c'était écrit dans le ciel qu'il était dangereux."

La famille rescapée a tout perdu. Elle est logée chez des amis. Elle ne reviendra pas dans son appartement situé à 30 mètres du pont.

La colère des riverains du pont Morandi, un reportage de Sandrine Etoa-Andègue

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