: Reportage "C'est une issue de secours" : en Israël, près d'un tiers des habitants se dit prêt à quitter le pays à cause du gouvernement
Drapeau israélien à la main, infatigable, Inbal rejoint ses amis dans un énième rassemblement contre le gouvernement et sa réforme de la justice. Ils étaient encore des milliers à défiler jeudi 27 juillet à Tel-Aviv, et ce, malgré le vote lundi d'une mesure phare de la réforme judiciaire , très controversée, portée par le Premier ministre israélien. Selon un sondage, au lendemain de ce vote, 28% d'Israéliens envisage de quitter leur pays, inquiets de la politique actuelle.
Pour Inbal et sa famille, la décision a été prise encore plus tôt. "Le soir des élections, le 1er novembre, nous avons vu les résultats, et ce même jour, ma famille a pris la décision de demander un passeport étranger." Ce départ est "une issue de secours" pour elle, qui craint une dérive autoritaire et un Israël qui devient de moins en moins laïque, alors que le gouvernement actuel est le plus religieux de l’histoire du pays.
Un million de passeports étrangers
Pour préparer ces départs, ceux qui n'en ont pas doivent se procurer un passeport étranger. Yoshua Pex, avocat spécialisé dans les demandes de naturalisation, confirme l'augmentation de ces demandes ces derniers mois,
"Depuis les dernières élections, c’est très clair. Nous avons vu une hausse des recherches sur les passeports étrangers et une hausse des demandes. Israël est un pays d’immigrés. Beaucoup de juifs sont venus d’Europe, il y a donc beaucoup d’intéressés. Certains ne sont même pas éligibles mais ils essaient quand même."
S'il est estimé qu’environ un million d’Israéliens détiennent un passeport étranger, l’autorité de la population et de l’immigration affirme ne pas connaître les chiffres des départs. Mais sur les réseaux sociaux, la tendance est claire : de plus en plus de groupes d’Israéliens s’entraident pour préparer leur déménagement. Ophir, qui travaille dans la high-tech, ne voit aucun avenir possible en Israël.
"Mon compagnon et moi nous sommes mariés il n’y a pas longtemps et on a décidé que nous n'allions sûrement pas continuer notre vie ici."
Ophirà franceinfo
"On a tout fait selon les règles, on est allés à l’école, on a servi à l’armée, on a étudié, on a trouvé un emploi, on nourrit l’économie et on se retrouve avec un gouvernement qui nous met des bâtons dans les roues et on voit bien que ça ne va pas aller. Tous nos plans tombent à l’eau", déplore la jeune Israélienne. Elle et son mari ont réussi à obtenir un passeport européen et, comme beaucoup d’Israéliens, ont choisi le Portugal.
Les autorités inquiètes
Mais certains départs préoccupent plus que d'autres. Depuis l’adoption de la première loi de la réforme judiciaire, 3 000 médecins ont rejoint un groupe WhatsApp pour discuter d'opportunités professionnelles à l’étranger. Le directeur général du ministère de la Santé a tenu une réunion d’urgence en espérant les convaincre de rester.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.