Les Juifs d'Europe sont-ils originaires de Palestine ?
Cette étude, publiée dans la revue britannique Genome Biology and Evolution, a comparé les génomes (qui forment le patrimoine génétique) de 1.287 individus non-apparentés descendants de huit groupes juifs et de 74 non-juifs. Le généticien Eran Elhaik (professeur à l'Ecole de Santé publique Johns Hopkins de Baltimore, aux Etats-Unis) a passé au crible ces données, à la recherche de mutations dans le code ADN liées à l'origine géographique d'un groupe.
Parmi les Juifs d'Europe, le généticien a trouvé des signatures ancestrales qui pointaient clairement vers le Caucase – où se trouvait le royaume kazhar – et aussi, mais dans une moindre mesure, vers le Moyen-Orient.
Le royaume khazar aurait attiré des Juifs lors de sa prospérité. Selon certaines thèses, de nombreux Caucasiens se seraient alors convertis au judaïsme. Lors de l’effondrement du royaume, les habitants se seraient dispersés en Europe de l’Est, d’où la présence de fortes communautés juives.
Selon Eran Elhaik, l'histoire esquissée dans les gènes est étayée par les découvertes archéologiques, par la littérature juive, qui décrit la conversion des Khazars au judaïsme, ainsi que par la langue. Arthur Koestler avait déjà évoqué cette thèse dans La 13ème tribu.
Plus récemment, cette analyse biologique fait écho au livre de l’historien israélien Shlomo Sand qui avait fait grand bruit lors de sa publication. Dans Comment le peuple juif fut inventé (éditions Fayard), l’historien de l’université de Tel Aviv démontait la thèse du retour à la terre promise du peuple juif, argument principal du mouvement sioniste, né comme les autres mouvements nationalistes à la fin du 19e siècle.
Dans ce livre, il analysait les mouvements de conversions au judaïsme (dans le Caucase, mais aussi en Afrique du nord). «Les Romains n’ont jamais exilé de peuple sur tout le flanc oriental de la Méditerranée. A l’exception des prisonniers réduits en esclavage, les habitants de Judée continuèrent de vivre sur leurs terres, même après la destruction du second temple», écrivait Shlomo Sand, remettant en cause la thèse d’une diaspora linéaire.
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