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L’Arabie Saoudite se rapproche d’Israël pour contrer l’activisme de l’Iran

Un ancien général saoudien, conseiller du roi Salman, a effectué un séjour de plusieurs jours en Israël. Impensable sans l’aval des autorités du royaume, cette visite entérine la chute d’un tabou et permet à Riyad de relancer son plan de paix entre Israéliens et Palestiniens. Selon ce diplomate officieux, une solution à deux Etats empêcherait Téhéran de capitaliser sur la question palestinienne.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Anwar Eshki, l'ancien général saoudien et conseiller du roi Salman, lors de son entretien à la télévision israélienne I24, le 9 juillet 2015, sous le titre «le général qui veut la paix». (Capture d'Image I24)

 
Confrontée à un même ennemi aujourd’hui, l’Arabie saoudite s’est rapprochée, de manière non officielle mais spectaculaire de l’Etat hébreu, son ennemi officiel d’hier. Un général saoudien, à la retraite mais proche conseiller du roi Salman, a effectué récemment une visite de plusieurs jours en Israël, alors que les deux pays n’entretiennent pas de relations diplomatiques.

Une relance de l'initiative de paix saoudienne entre Israéliens et Palestiniens 
A la tête d’une délégation d’universitaires et d’hommes d’affaires saoudiens, l’ex-général Anwar Eshki a rencontré samedi 23 juillet 2016 à l’hôtel King David à Jérusalem-ouest le directeur général du ministère des Affaires étrangères Dore Gold et le coordonateur des activités gouvernementales en territoires palestiniens, le général Yoav Morechaï.
 
Interrogé par la radio militaire israélienne sur les objectifs de sa visite, l’ancien officier saoudien a évoqué la relance du processus de paix israélo-palestinien sur la base de l’initiative de paix arabe. En réalité, un plan saoudien adopté en mars 2002, lors du 14ème sommet de la Ligue Arabe à Beyrouth.
 
Ce plan propose une normalisation entre Israël et l’ensemble des pays arabes en échange de la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967, d'un retrait israélien de la partie occupée du Golan syrien et du règlement de la question des réfugiés.

La paix pour empêcher Téhéran de capitaliser sur le conflit 
«La paix ne viendra pas des pays arabes, mais des Palestiniens et de l’application de l’initiative de paix arabe», a déclaré Anwar Eshki dans une nouvelle tentative de convaincre le Premier ministre israélien d’avaliser ce plan.
 
Estimant que le conflit israélo-palestinien n’était pas à la source du terrorisme mais qu’il créait un terrain fertile à de tels actes, il a eu recours à un argument auquel Benjamin Netanyahu pourrait se montrer sensible.
 
«Si le conflit est résolu, les pays qui exploitent la question palestinienne, à savoir l’Iran, ne seront plus en mesure de capitaliser dessus», a-t-il dit, en allusion au soutien apporté par Téhéran aux groupes tels que le Hamas et le Jihad Islamique palestiniens ou le Hezbollah libanais.
 
Ce n’est pas la première fois que l’ex-général Eshki rencontre le diplomate israélien Gold. Après plusieurs réunions non officielles, les deux hommes se sont vus publiquement en juin 2015, lors de discussions au Council on Foreign Relations, un think tank américain, à Washington. Au menu de ces rencontres l’activisme iranien dans la région et les moyens économiques et politiques de les contrecarrer. 
 
Ouverture d'une ambassade d'Arabie saoudite en Israël à la clé
Dans un entretien avec la chaîne qatarie Al-Jazeera, en avril 2016, l’homme par le biais duquel Riyad et Tel-Aviv communiquent avait assuré que l’Arabie saoudite était disposée à ouvrir une ambassade en Israël si Benjamin Netanyahu acceptait le plan de paix saoudien.
 
Au même présentateur télé qui l’interrogeait sur les souffrances que l’Arabie saoudite causait ainsi aux Palestiniens, Anwar Eshki avait répliqué : «Je dis aux Iraniens, vous soutenez les Palestiniens par les armes, mais nous les soutenons avec de l’argent. Lorsque nous les soutenons avec de l’argent, nous voulons qu’ils vivent bien, et vous, vous les fournissez en armes pour qu’ils se détruisent».
 
Lors de son séjour en Israël, le crypto diplomate saoudien a rencontré également des membres de l'opposition du parlement israélien, dont le député arabe-israélien du parti de gauche Meretz.
 
«Les Saoudiens veulent se rapprocher d’Israël. Il s’agit pour eux d’un mouvement stratégique », a déclaré Issawi Freij à l’issue de la rencontre. «Ils ont ajouté vouloir continuer ce qu’avait commencé l’ancien président égyptien Anouar el-Sadate», a-t-il conclu.

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