Attaque de l'Iran : "Les Israéliens revendiquent la victoire, mais Téhéran a fait une démonstration de force", souligne une spécialiste de la géopolitique

"Tout semble appeler à la désescalade mais on ne peut pas en être sûr", explique dimanche sur franceinfo Héloïse Fayet, chercheuse au Centre des études de sécurité à l’Institut français des relations internationales, spécialiste de la géopolitique iranienne.
Article rédigé par franceinfo
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Un Iranien manifeste sa joie sur une place de Téhéran après les frappes contre Israël, le 14 avril 2024 (ATTA KENARE / AFP)

Après les tirs de missiles et l'envoi de drones sur Israël effectués la nuit dernière par l'Iran, Héloïse Fayet, chercheuse à l'Ifri, évoque dimanche 14 avril sur franceinfo les différents scénarios possibles. 

Israël "revendique la victoire car il n'y a pas eu de dégâts sur son sol". L'Iran, de son côté, a affirmé dans un communiqué à l'ONU que cette attaque était une réponse à la frappe mortelle du 1er avril sur son consulat en Syrie et "que l'incident est désormais clos". Mais selon la chercheuse, une question se pose : les Israéliens vont-ils à nouveau répondre à cette attaque "et potentiellement nourrir un cycle d'escalade ?"

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L'envoi de plusieurs centaines de drones et de missiles, deux semaines après la mort de sept Gardiens de la Révolution, dont deux généraux de la Force Al-Qods, était un moyen de faire peur sans appeler à la guerre contre Israël, selon Héloïse Fayet. "Les Iraniens ont fait passer énormément de messages" mais une attaque semblait inévitable pour que le pays conserve sa "crédibilité en interne [avec les autres pays du Proche-Orient] et auprès de ses alliés. L'Iran a fait une démonstration de force, mais avec suffisament de précaution en amont pour qu'Israël et ses alliés réussissent à en détruire la quasi totalité [des drones]."

Un risque d'escalade

Seule point d'interrogation : savoir si Israël va participer à ce jeu et s'arrêter là, ou si le pays va continuer dans l'escalade de la violence. "Israël sait très bien que les Iraniens ont menacé à plusieurs reprises d'accélérer leur programme nucléaire si jamais il y avait des frappes contre leur territoire, et encore plus des frappes contre leurs sites nucléaires. On sait qu'Israël attend probablement un prétexte pour frapper les sites nucélaires iraniens, est-ce que ce sera ce prétexte ? Il faut espérer que ce ne soit pas le cas."

Israël a d'autres moyens de ré-affirmer sa force, selon la chercheuse : "La réponse peut aussi être diplomatique". Les deux pays peuvent également "revenir dans les fameuses zones grises, dans la guerre asymétrique qui se jouait entre l'Iran et Israël jusqu'alors avec, par exemple, des cyberattaques israéliennes menées contre des sites sensibles iraniens."

Les États-Unis ont un rôle à jouer désormais, tout comme la communauté internationale, poursuit Héloïse Fayet. "Dans une situation de ce genre, il est bon de montrer, au moins sur le papier, que la communauté internationale continue à être capable de se réunir même si, in fine, la crise pourrait être résolue avec une pression américaine suffisante sur Israël" pour éviter des répliques et une escalade. Des discussions entre les États-Unis et l'Iran seraient aussi une bonne chose selon elle : "Un dialogue direct entre les États-Unis et l'Iran est quelque chose qui se fait déjà à bas bruit pour le programme nucléaire."

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