Témoignages "Justice a été rendue" : en Iran, les opposants au régime se réjouissent de la mort du président Ebrahim Raïssi

Le dirigeant iranien, agé de 63 ans, est mort dans le crash de l'hélicoptère qui le transportait dimanche. La disparition de celui qu'on surnomme le "boucher de Téhéran" fait espérer un changement chez certains.
Article rédigé par franceinfo
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Les journaux iraniens annoncent la mort du président Raïssi à Téhéran, le 20 mai 2024. (ABEDIN TAHERKENAREH / EPA)

Tous les Iraniens ne pleurent pas la disparition de leur président. Depuis l'annonce de la mort d'Ebrahim Raïssi, les alliés de l'Iran principalement présentent leurs condoléances au régime. Mais sur place les réactions sont plus variées et moins affectées.

Dans les rangs de l'opposition, des voix se réjouissent déjà de la mort de l'ultra conservateur Ebrahim Raïssi, alias "le boucher de Téhéran", surnom le poursuit depuis 1988 quand il avait alors ordonné l'exécution de milliers d'opposants dans les prisons iraniennes. Nasser, âgé de la trentaine et qui habite Téhéran, ne cache pas sa joie : "Je suis absolument heureux que le président et son ministre propagandiste Abollahian soient morts ! La justice a été rendue, même si on aurait préféré qu'ils soient jugés devant un tribunal et punis pour leurs crimes contre la population iranienne."

"Ça nous renforce dans notre combat pour la liberté"

C'est le deuxième président iranien à mourir en exercice, et Nasser aimerait que ce décès brutal fasse vaciller le régime : "J'espère que cet évènement va créer des tensions dans la classe politique, qu'ils vont se déchirer pour récupérer le pouvoir, et que ça va redonner de la force au peuple iranien dans son combat contre le régime." 

Autre évènement étonnant aperçu dans les rues de Téhéran : des feux d’artifice. Ebrahim Raïssi était à la manœuvre ces derniers mois pour réprimer dans le sang le mouvement Femme, Vie, Liberté.

Sur les réseaux sociaux, beaucoup d'Iraniens expriment également leur contentement. Et pour Omid aussi, la mort du président iranien est une bonne nouvelle : "Les mollahs et les gardiens de la Révolution veulent nous tuer, donc plus il y en a qui meurent, moins les Iraniens sont en danger. Savoir que ce régime violent est incapable de protéger ses dirigeants, [c'est] très positif et ça nous renforce dans notre combat pour la liberté." 

"Cela ne va rien changer"

Nasrin soutient elle aussi l'opposition à la République islamique, mais selon elle, la mort d'Ebrahim Raïssi aura peu de conséquences. "Rien ne va changer pour le pays. Un mollah remplace un autre. Il va sûrement être du camp conservateur, proche du guide suprême, analyse-t-elle. Et ça ne change rien, parce que le pouvoir est dans les mains du guide suprême, c'est lui qui décide pour le sort du pays..."

Il s'agit de l'ayatollah Khamenei, 85 ans, dont bientôt 35 années au pouvoir. Il a assuré dimanche, avant même que la mort de Raïssi soit confirmée, qu'il n'y aurait "aucune perturbation dans les affaires de l'Etat".

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