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Téhéran veut récupérer ses milliards de dollars gelés par Washington
Les autorités iraniennes demandent à l'ONU d’intervenir auprès des Etats-Unis après la décision de la Cour suprême d’attribuer deux milliards de dollars d'avoirs iraniens gelés aux proches de victimes d'attentats imputés à la République islamique. Téhéran crie au «vol légal».
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L’affaire est devenue politique et crée une union sacrée en Iran entre réformateurs et conservateurs. Le 20 avril 2016, la Cour suprême américaine a décidé que l'Iran devrait s'acquitter de près de deux milliards de dollars de compensations sur des fonds gelés aux Etats-Unis. Ces compensations sont réclamées par plus de mille proches des victimes américaines d'attentats fomentés ou soutenus par Téhéran, selon les familles, notamment des attentats contre des garnisons américaines à Beyrouth en 1983 et en Arabie Saoudite en 1996. Une décision illégale pour Téhéran qui accuse Washington de ne pas avoir tenu sa promesse concernant la levée des sanctions, après la conclusion en juillet 2015 de l'accord historique sur le programme nucléaire iranien.
La décision américaine est intervenue une semaine avant le second tour législatif en Iran, le 29 avril 2016. «Le pouvoir exécutif américain a gelé illégalement des avoirs nationaux iraniens, le pouvoir législatif américain a ouvert la voie à leur saisie illicite et le pouvoir judiciaire américain a décidé de confisquer des biens iraniens sans la moindre justification légale ou factuelle», écrit le chef de la Diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, dans sa lettre à Ban Ki-moon. L’Iran appelle le Secrétaire général de l’ONU à user «de ses bons offices pour amener le gouvernement américain à respecter ses obligations internationales».
En Iran, réformateurs et conservateurs multiplient les déclarations incendiaires contre ce «vol légal». Le Guide suprême de Révolution Ali Khameneï et le président Hassan Rohani se retrouvent sur la même position. L'ambassadeur suisse à Téhéran, représentant les intérêts de Washington, a été convoqué au ministère des Affaires étrangères où lui a été remise la protestation officielle de l'Iran. Téhéran ne décolère pas contre une autre décision de justice américaine sur le dédommagement par l'Iran des victimes des attentats du 11-Septembre 2001 à New York. A la suite d'une plainte d'une des victimes, un tribunal de New York a condamné en mars 2016 l'Iran à payer 10,5 milliards dollars de compensations pour n'avoir pu prouver qu'il n'avait pas aidé les auteurs de ces attentats revendiqués par Al-Qaïda.
Washington avait gelé en 1979 les avoirs iraniens dans les banques américaines et leurs filiales après la prise d'otages à l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran. Après l’accord sur le nucléaire iranien conclu en juillet 2015, Téhéran prévoyait de récupérer 32 milliards de dollars d'avoirs bloqués dans les banques internationales. Elle n’a, pour l’instant, récupérer que 400 millions de dollars.
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