Manifestations en Iran : au-delà de l'appel inédit à la grève générale, "on est plus sur une sorte de désobéissance civile", selon un expert
En Iran, le mouvement de contestation né après la mort de Mahsa Amini le 16 septembre dernier cherche un nouveau souffle. Un appel à la grève générale a été lancée à partir de ce lundi et pendant trois jours, dans le but de paralyser le pays.
La colère ne faiblit pas en Iran. Les contestataires souhaitent désormais donner une nouvelle impulsion au mouvement . Et ce, malgré la décision des autorités iraniennes de supprimer la Gasht-e Ershad, la très décriée police des mœurs responsable de l'arrestation de la jeune Mahsa Amini le 13 septembre. Un appel à la grève générale a été lancé pour les trois prochaines journées. Mais organiser un tel mouvement en Iran n'est pas chose simple, puisque les syndicats n'existent dans le pays.
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L'appel à la grève circule donc sur les réseaux sociaux sans que l'on sache qui est derrière. "C'est fait exprès pour ne pas donner des indices sur le mouvement au régime, on est plus sur une sorte de désobéissance civile", explique Farid Vahid, le directeur de l'Observatoire de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient à la Fondation Jean Jaurès. Des étudiants des universités, aux commerçants du Grand Bazar de Téhéran, véritable baromètre de l'insatisfaction en Iran, en passant par les ouvriers dans les raffineries ou les professeurs : tous sont appelés à ne pas travailler pendant trois jours.
Un test pour la suite du mouvement
"J'ai le sentiment qu'ils essaient aussi de connaitre leur capacité d'organiser, chacun à son niveau, dans son secteur", confirme l'expert. La mobilisation dans les grandes villes sera particulièrement scrutée, tout comme celle des ouvriers. "Si l'on voit de grosses mobilisations dans les grandes villes ou que des ouvriers du secteur pétrochimique ne travaillent pas, cela veut dire qu'on entre dans une autre phase du mouvement. Celle de bloquer le pays pour entrer vraiment dans une logique révolutionnaire", complète Farid Vahid.
Cette grève n'est pas sans risque pour les organisateurs. Après les manifestations des femmes, qui sont de plus en plus nombreuses à abandonner le port du voile, voire descendre plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues serait un affront de plus envers les Mollahs. Le régime dispose toutefois d'une arme de dissuasion massive : la répression. Elle a déjà fait au moins 300 victimes depuis le début du soulèvement, selon les chiffres communiqués par Téhéran.
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