Libération de Roland Marchal : "Un grand soulagement" mais "une inquiétude extrême" pour Fariba Adelkhah, toujours emprisonnée
Béatrice Hibou, directrice de recherche au CNRS et membre du comité de soutien, a réagi sur franceinfo samedi matin.
La libération du chercheur français Roland Marchal, emprisonné en Iran depuis le mois de juin 2019, est "un grand soulagement" mais "une inquiétude extrême" demeure pour sa compagne Fariba Adelkhah toujours détenue dans les geôles iraniennes, déclare samedi 21 mars matin à franceinfo Béatrice Hibou, directrice de recherche au CNRS et membre de leur comité de soutien. Roland Richard a été libéré en échange, indique Téhéran, de la libération par la France d'un ingénieur iranien menacé d'extradition aux États-Unis.
franceinfo : Dans quel état d’esprit êtes-vous après avoir appris la libération de Roland Marchal ?
Béatrice Hibou : C’est un très grand soulagement, un très grand bonheur de revoir Roland Marchal. Un demi bonheur ceci étant, car Roland revient seul. Fariba, elle, reste en prison.
Avec le coronavirus, vous n’allez pas pouvoir accueillir Roland Marchal dans de bonnes conditions…
Non malheureusement, étant donné la situation sanitaire, nous ne pourrons pas lui faire un comité d’accueil physiquement. Nous allons le faire virtuellement. Mais nous ne pourrons pas aller l'embrasser et le tenir dans nos bras comme nous aurions aimé le faire.
Vous avez plusieurs fois alerté sur l'état de santé de Roland Marchal pendant sa détention qui s’est déroulée dans des conditions très difficiles. Comment va-t-il ?
Nous n’avons pas d'informations concrètes et précises. Nous savons qu'il est très amaigri, très affaibli. Mais en même temps, s'il revient dès aujourd’hui en avion, c’est qu’il n’est pas dans un état aussi mauvais que cela, et qu’il peut voyager.
Emmanuel Macron "exhorte les autorités iraniennes à libérer immédiatement" Fariba Adelkha. Mais sa situation est plus compliquée que celle de Roland Marchal, puisque les Iraniens considèrent qu'elle n’est pas franco-iranienne, mais seulement iranienne ?
Oui, les autorités iraniennes, comme dans beaucoup de pays, ne reconnaissent pas la double nationalité. Ils n’ont jamais permis les visites consulaires, Ils considèrent Fariba comme une Iranienne. Nous savons qu’elle ne fait pas partie de la liste des personnes qui peuvent être libérées de façon provisoire et obtenir une permission de sortie temporaire, comme sa codétenue irano-britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe. C’est aussi parce qu'elle n'a pas été encore jugée. Notre inquiétude est donc extrême. Même si nous sommes rassurés que l'Élysée et la diplomatie française ont immédiatement soutenu Fariba, et ont dit que son sort continuait à préoccuper les autorités. Mais pour ce qui nous concerne, le comité de soutien, notre combat continue parce que nous avions deux objectifs. Faire revenir Roland Marchal et Fariba Adelkha ici, à Paris dans leur communauté scientifique.
Le procès de Fariba Adelkha devait s'ouvrir au début du mois, le 3 mars, mais il a été aussitôt reporté. L’épidémie du coronavirus, très vigoureuse en Iran avec plus de 1 400 morts, change aussi la donne ?
Tout à fait, son procès a été annulé. On pense que les avocats n’ont pu se présenter à cause de ça notamment. Fariba Adelkha avait alors refusé de participer et de témoigner à son procès. La situation sanitaire est extrêmement difficile en Iran, et nous permet d'envisager un report de son procès. Mais pour ce qui nous concerne, le comité de soutien, nous demandons la libération immédiate et inconditionnelle. Car Fariba Adelkha n'a jamais fait que son travail de chercheuse.
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