Le retour de l’Iran fait saliver les multinationales et donne des ailes à Rohani
Depuis juillet 2015, Téhéran est devenu la capitale des investisseurs : délégations commerciales et politiques se bousculent pour anticiper la levée des sanctions. Le marché est juteux : pétrole et gaz en abondance, infrastructures désuètes, sous-équipement automobile et aéronautique, moyens de communication obsolètes. Les sanctions de l'ONU, des Etats-Unis et de l'Union européenne ont asphyxié l'économie iranienne pendant 13 ans. L'inflation est certes passée de plus de 40% sous Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) à 13% aujourd'hui, mais au prix d'une récession sans précédent et de la poursuite de la baisse de la valeur de la monnaie nationale, le rial. Lassés par la récession, les Iraniens attendent une embellie sur le plan économique.
Premiers arrivés, premiers servis
L'accord sur le nucléaire entré en vigueur samedi 16 janvier 2016 représente une importante victoire pour Hassan Rohani, mais le président iranien n'en tirera un bénéfice politique que si la levée des sanctions améliore la situation économique. D’où son appel aux investisseurs étrangers. Et les milieux économiques se tiennent prêts à revenir en Iran, un pays qui dispose des quatrièmes réserves de brut au monde, et des deuxièmes de gaz.
Avec une population de près de 80 millions d’habitants, le pays manque de tout. Les multinationales jouent des coudes pour revenir ou s'implanter en Iran, plus ou moins avantagées selon la qualité des relations de leur pays d'origine avec Téhéran.
La Chine, la Russie et le Japon, déjà présents en Iran, auront moins d’efforts pour rafler des marchés. La Russie, alliée historique de l'Iran, a une longueur d'avance dans des secteurs stratégiques. Moscou et Téhéran veulent porter leurs échanges à 10 milliards de dollars par an, contre 1,6 actuellement. Moscou a annoncé qu’elle était prête à débloquer une ligne de crédit de cinq milliards de dollars à son voisin.
Pétrole, voitures et avions
Les entreprises européennes entendent prendre de l’avance sur les sociétés américaines, handicapées par le fait que Washington, qui n'a plus de relations diplomatiques depuis 35 ans avec Téhéran, demeure très méfiante.
Côté français, Total, Peugeot et Renault sont dans les starting-blocks. «Oui l'Iran est un marché très prometteur. Il représente plus d'un million de voitures, avec un potentiel de 1,5 à deux millions», a reconnu le PDG de Renault Carlos Goshn en marge du salon automobile de Détroit. Renault négocie une prise de participation minoritaire au capital de l'entreprise publique Pars Khodro, qui était dans les années 60-70 allié à l'américain General Motors.
En matière d'aviation civile, l'Iran entend jouer la concurrence entre l'Européen Airbus et l'Américain Boeing. «Nous avons pris des contacts, oui. C'est potentiellement un gros marché pour Airbus et ses concurrents», a déclaré récemment le PDG du conglomérat franco-allemand, Fabrice Brégier.
Pour financer sa relance économique, l’Iran compte augmenter de 500.000 barils sa production et ses exportations pétrolières dans l'immédiat, et de 500.000 supplémentaires dans les six à douze mois à venir pour arriver à 2 millions/jour.
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