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Le courant modéré uni pour l'élection présidentielle en Iran
Modérés et réformateurs iraniens ont réussi à faire taire leurs ambitions personnelles. Un seul candidat, le religieux Hassan Rohani, représentera ce courant politique lors de l'élection présidentielle du 14 juin 2013. En face, pas moins de trois candidats vont se partager les voix conservatrices, au risque de perdre les élections.
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C'est un religieux, et pourtant il passe pour un modéré. Hassan Rohani a vu son avenir politique s'éclaircir brusquement à quelques jours des élections. Le retrait de Mohamed Reza Aref de la course fait de lui le seul représentant du clan réformateur. Une unité qui était réclamée par les plus hauts représentants du courant modéré du pays. Rohani bénéficie en effet du soutien de deux anciens présidents: Akbar Hachemi Rafsandjani et surtout Mohammad Khatami, chef de file des réformateurs. Rafsandjani, écarté de la compétition par le Conseil des gardiens de la Constitution, en raison (officiellement) de son âge, trouve ici une belle occasion de revanche.
Les deux hommes ont clairement fait pression pour aboutir à cette candidature unique qui laisse espérer une victoire de leur camp. Car, en face, sauf coup de théâtre de dernière minute, il y a pléthore de candidats.
Trois hommes avaient passé un accord de désistement. Il prévoyait que les moins bien placés à l'issue de la campagne se retireraient avant l'élection.
Pourtant, si Hadad-Abel a respecté la consigne, Mohammad Ghalibaf, le maire de Téhéran, doit toujours compter sur la présence de l'ultra-conservateur Velayati, conseiller du guide suprême Ali Khamenei en matière de politique étrangère.
Un sondage du 6 juin plaçait le maire de Téhéran en tête de l'élection avec 39% des voix. Mais plus de la moitié du corps électoral n'avait toujours pas fait son choix. Et les sondages en Iran ne brille pas par leur fiabilité, en raison notamment d’un panel trop réduit.
Parmi les candidats proches du régime, Il y a également Saïd Jallili, l'actuel chef des négociateurs nucléaires iraniens. Il apparaît à la troisième place dans le sondage. Lors des débats télévisés, il est le seul à avoir épargné la politique menée par l’actuel président Ahmadinejab. Jallili est très proche du pouvoir, même s’il n’est pas le dauphin officiel.
Le dossier nucléaire a pris de la place dans la campagne. Mais il n’est pas sûr que ce soit la problématique majeure du peuple. Le pays traverse une grave crise économique, liée en partie aux sanctions internationales sur le nucléaire. Chômage, hausse des prix de 30% par an... beaucoup d’Iraniens subissent une baisse sensible de leur train de vie.
Rohani va-t-il tirer parti de ce mécontentement ? Nul ne le sait. En revanche, l’éparpillement des voix dans le camp adverse lui assure de figurer au moins au second tour, et pourquoi pas de l’emporter dès le premier tour.
Le silence de l’ayatollah Khameneï joue aussi en sa faveur. L’autorité suprême du pays assure que sa voix ne vaut pas plus qu’une autre. Même si, comme l'affirme le journal Le Monde, il tire les ficelles dans l'ombre.
Quoi qu’il en soit, le résultat s’annonce serré. Au point qu’un quotidien ultraconservateur n’hésite pas à prédire une future contestation des résultats si les réformateurs perdent les élections.
Bref, il s’agit d’appeler à l’union des conservateurs en réveillant le spectre de 2009, lorsque la réélection contestée d’Ahmadinejab a plongé le pays dans une révolte sanglante.
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