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L’Arabie saoudite et l’Iran renouent le contact sur le pèlerinage à La Mecque

Le pèlerinage de la Mecque peut-il faire des miracles ? En dépit de l’absence de relations diplomatiques entre Ryad et Téhéran, un ministre saoudien a rencontré à Djeddah une délégation de la République islamique d’Iran pour discuter des modalités de retour des fidèles iraniens au hajj cette année. Téhéran a indiqué avoir posé des conditions à une telle participation et attend la réponse de Ryad.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L'image de la rencontre entre le ministre saoudien du pèlerinage, Mohammed Bentin (D), et Hamid Mohammadi, chef d'une délégation iranienne, le 23 février à Djeddah en Arabie saoudite, diffusée par l'agence officielle saoudienne. Les deux hommes ont discuté des modalités de retour des pèlerins iraniens à La Mecque. (SPA/Saudi Press Agency)

Alors que toutes les relations sont coupées depuis un an entre l’Iran et l’Arabie saoudite, un premier contact a été établi le 23 février 2017 entre les deux pays.

Examiner les modalités d'un retour de pèlerins iraniens à La Mecque 
Le ministre saoudien du hajj (pèlerinage), Mohammed Bentin, a rencontré en fin de journée à Jeddah dans l’ouest du royaume, Hamid Mohammadi, chef d’une délégation iranienne venue examiner les modalités d’un retour des fidèles d’Iran à La Mecque.
 
Selon l’agence officielle saoudienne, SPA, les deux hommes ont discuté «des arrangements concernant la participation des fidèles iraniens au hajj de cette année», sans plus de précision.
 
Cette rencontre fait partie des «réunions organisées par le ministère saoudien du hajj avec les délégations des différents pays concernant l’accueil, les déplacements, le logement et autres services proposés aux pèlerins pour leur permettre d’effectuer le hajj facilement» a indiqué laconiquement l’agence saoudienne.
 
La veille de cette rencontre, l’Iran avait annoncé avoir dépêché une délégation en Arabie saoudite pour discuter du retour de ses pèlerins en terre saoudienne après une interruption en 2016. «La politique de l'Iran est d'envoyer des pèlerins au hajj (cette année). Bien sûr, si l'Arabie saoudite accepte nos conditions», a déclaré le ministre de la Culture Reza Salehi Amiri.
 
Il a précisé avoir écrit au ministre saoudien du hajj une lettre «spécifiant ces conditions». «S'ils les acceptent, nous enverrons des pèlerins, sinon ils assumeront la responsabilité», a encore indiqué le ministre iranien.

Des tensions à leur comble entre le royaume wahabite et la République islamique d'Iran 
Après la tragique bousculade qui avait coûté la vie à près de 2.300  fidèles, dont 464 Iraniens, lors du hajj en 2015, Téhéran avait contesté l'organisation, par les Saoudiens, du grand pèlerinage musulman annuel.
 
Puissance sunnite et chef de file des monarchies arabes du Golfe, l'Arabie  saoudite avait, elle, rompu le 4 janvier 2016 ses relations diplomatiques avec l'Iran après le saccage de son ambassade à Téhéran par une foule qui réagissait à l'exécution dans le royaume du dignitaire religieux chiite Nimr Baqer al-Nimr.
 
Ryad avait également rompu les relations économiques et commerciales et suspendu tous les vols entre les deux pays, ce qui complique la délivrance de visas aux pèlerins et leur transport.

Une amorce de dégel entre Ryad et Téhéran 
En plein affrontement régional entre les deux grands pôles sunnite et chiite de l’Islam, par Syrie, Irak, Yémen et Bahrein interposés, cette reprise de contact pourrait constituer une amorce de dégel.
 
Selon Samad Ghaempanah, professeur de relations internationales à l’université de Téhéran, «les vieux différends» entre l’Arabie saoudite et l’Iran n’ont produit «aucun résultat». «Une analyse des coûts et des bénéfices des tensions entre les pays de la région montre qu’aucun d’entre eux n’a gagné» explique-t-il, estimant qu’il devient nécessaire pour eux «d’ouvrir une nouvelle page et de repenser leurs politiques passées.»
 
Pour le professeur Ghaempanah, l’invitation lancée par Ryad à Téhéran de venir discuter de l’organisation du prochain pèlerinage «est un bon signe en vue de rétablir les liens entre les deux pays.»

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