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Iran: le ton monte entre Donald Trump et le guide suprême Ali Khamenei

Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, les relations entre Washington et Téhéran se dégradent inexorablement. Poursuivant sur la voie d’une gouvernance via tweeter, le nouveau président a annoncé que «l’Iran avait reçu un premier avertissement» après son tir d’essai balistique. «L'Iran n'a pas besoin de la permission d'un pays tiers pour se défendre», a rétorqué Téhéran.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, lors d'une rencontre avec l'organisation paramilitaire des Bassidjis, le 22 novembre 2016, à Téhéran. «L'iran ripostera si les Etats-Unis reprennent des sanctions le mois prochain», prévenait-il ce jour-là. (HO/KHAMENEI.IR/AFP)

Après une courte trève diplomatique, laborieusement instaurée par Barack Obama dans les relations entre Washington et Téhéran, le ton est reparti à la hausse avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.

Trump s'adresse à Téhéran via Tweeter 
Fidèle à sa pratique d’une gouvernance «tweetoriale», le nouvel occupant du bureau ovale a posté sur son compte Twitter le 2 février 2017, trois jours après la révélation d’un nouveau test balistique iranien, un message dont il a le secret, .
 
«L’Iran a été formellement MIS EN GARDE (c’est lui qui souligne) pour avoir tiré un missile balistique. Il devrait remercier l’accord désastreux que les Etats-Unis ont conclu avec lui!», a écrit Donald Trump, sans préciser ce qu’encourait la République Islamique.
 
Hostile à l’accord sur le nucléaire, conclu le 14 juillet 2015 avec les 5 membres du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne, et qu’il assurait vouloir déchirer une fois élu, Donald Trump en dénonce aujourd'hui les retombées.
 
«L’Iran était à bout de souffle et prêt à s’effondrer jusqu’à ce que les Etats-Unis arrivent et le sauvent sous forme d’un accord: 150 milliards de dollars», a-t-il indiqué, en référence au montant que représente selon lui la levée des sanctions contre l’Iran prévue par cet accord.

Iran has been formally PUT ON NOTICE for firing a ballistic missile.Should have been thankful for the terrible deal the U.S. made with them!  
De son côté, le ministre de la Défense iranien a confirmé qu’un «test» avait bien été effectué. «L’essai de missile de dimanche a été un succès», a déclaré Hossein Dehgan affirmant qu’il ne transgressait ni l’accord sur le nucléaire, ni la résolution 2231 de l’ONU qui l’a entériné.
 
Auparavant, le conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump et ancien chef du renseignement militaire américain, Michael Flynn, avait critiqué le «comportement déstabilisateur» de l’Iran et qualifié de «provocation» le nouveau test de missile.

L'Iran n'a pas besoin de la permission d'un pays tiers pour se défendre
Face aux critiques américaines, c’est le principal conseiller du Guide suprême Ali Khamenei qui est monté au créneau pour défendre le droit souverain de l’Iran à tester des missiles.
 
«Ce n’est pas la première fois qu’une personne inexpérimentée menace l’Iran», a déclaré Ali Akbar Velayati, visant le président Trump. «Le gouvernement américain comprendra qu’il ne sert à rien de menacer l’Iran. L’Iran n’a pas besoin de la permission d’un pays tiers pour se défendre», a encore ajouté le conseiller.
 
Toutefois, Téhéran, qui s’est engagé à «ne chercher en aucun cas à obtenir, mettre au point ou acquérir des armes nucléaires», a cru bon de préciser que les missiles testés ne sont pas prévus pour emporter des têtes nucléaires.
 
Une affirmation battue en brèche par un quotidien allemand qui apportait le jour même de nouvelles révélations sur ce programme balistique. Selon Die Welt, en plus du tir d’un missile de moyenne portée, la République islamique aurait testé un missile de croisière capable de transporter une ogive nucléaire sur une distance pouvant aller de 2 à 3.000 kilomètres.
 
Pour Hassan Rohani, Trump est un «novice» en politique 
La tension entre les deux pays, dont les relations diplomatiques sont rompues depuis 1980, au lendemain de la révolution islamique de 1979, était remontée après la récente décision de Washington d’interdire pour trois mois l’entrée de ressortissants de sept pays à majorité musulmane, dont l’Iran, sur le sol américain.
 
De nombreux Iraniens, qui sont au moins un million à vivre légalement aux Etats-Unis, se sont retrouvés bloqués dans plusieurs aéroports de par le monde après cette décision. Le gouvernement iranien qui l’a qualifiée de «honteuse» a décidé d’appliquer le principe de réciprocité.
 
Intensifiant les critiques contre le décret anti-immigration adopté par le président américain, le président iranien n'a pas été tendre non plus. Donald Trump est un «novice» en politique et son apprentissage «coûtera cher aux Etats-Unis», a prévenu Hassan Rohani.

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