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Français détenus en Iran : cinq questions sur la libération de Benjamin Brière et Bernard Phelan

Les deux hommes ont pu sortir de prison et prendre l'avion pour la France, vendredi. Au moins cinq ressortissants français sont toujours retenus sur le territoire iranien.
Article rédigé par franceinfo
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Bernard Phelan et Benjamin Brière, sur des photos non datées. (FAMILY HANDOUT / AFP)

Le calvaire a duré trois ans pour Benjamin Brière, sept mois et demi pour Bernard Phelan. Le Français et le Franco-Irlandais détenus arbitrairement en Iran ont été libérés et peuvent regagner la France, vendredi 12 mai, a annoncé le Quai d'Orsay. Les deux hommes avaient été arrêtés par les autorités iraniennes et incarcérés à la prison de Mechhed, dans le nord-est du pays. "Je me réjouis qu'ils puissent retrouver prochainement leurs proches à Paris", a déclaré la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, dans un communiqué.

1 Qui sont-ils et quand ont-ils été arrêtés ?

Benjamin Brière, 37 ans, était détenu depuis mai 2020. Il avait été arrêté lors d'un voyage en Iran, pour avoir pris des "photographies de zones interdites" avec un drone, dans un parc naturel. Il s'est toujours présenté comme un touriste, ce qu'a confirmé le Quai d'Orsay.

Bernard Phelan est un Franco-Irlandais de 64 ans, emprisonné depuis le 1er octobre 2022. Consultant dans le secteur du voyage, il se trouvait en Iran pour des raisons professionnelles, avait témoigné sa sœur auprès du journal irlandais The Irish Times (en anglais).

2 Pourquoi étaient-ils détenus ?

Benjamin Brière a été condamné en janvier 2022 à huit ans de prison pour "espionnage" et à huit mois pour "propagande contre le régime", une condamnation "inacceptable" selon le Quai d'Orsay. Il a été acquitté en appel par un tribunal iranien le 15 février dernier, mais n'avait toujours pas été libéré.

Quant à Bernard Phelan, il a été condamné à six ans et demi de prison en février dernier pour "espionnage", selon sa sœur, interrogée par RFI. Des informations que les autorités françaises n'avaient pas pu confirmer, en l'absence de notification d'une condamnation émise par la justice iranienne.

Le régime de Téhéran arrête régulièrement des ressortissants étrangers pour ce motif. Le ministère des Affaires étrangères a dénoncé à plusieurs reprises la "politique d'otages d'Etat" de l'Iran.

3 Quelles sont les réactions après leur libération ?

Emmanuel Macron a salué la libération des deux hommes sur Twitter. "C'est un soulagement. Je salue leur libération. Merci à tous ceux qui ont œuvré à cette issue", écrit-il, assurant que la France continuera "à agir pour le retour de nos compatriotes encore détenus en Iran". La Première ministre, Elisabeth Borne, s'est aussi réjouie, depuis La Réunion, où elle est en déplacement, d'"une bonne nouvelle". "Ces deux personnes sont en bonne santé et en cours de rapatriement", a-t-elle précisé.

Côté irlandais, le chef de la diplomatie, Micheál Martin, a aussi réagi à la libération de Bernard Phelan. "Il a été libéré de prison en Iran et est maintenant sur le chemin du retour vers sa famille. Les sept derniers mois ont constitué une épreuve très difficile pour Bernard et sa famille et je suis heureux et soulagé qu'elle soit maintenant terminée", peut-on lire dans un communiqué (en anglais).

4 Quel est leur état de santé ?

Le Quai d'Orsay précise que les deux hommes "ont bénéficié d'une prise en charge médicale dès leur sortie de prison", sans donner plus de détails sur leur état de santé, qui s'était détérioré en détention. Le ministère des Affaires étrangères avait alerté, lors d'un point presse le 26 janvier, sur "la grande fragilité de [la] situation de santé" de Bernard Phelan, qui souffrait d'arthrite et de problèmes cardiaques, selon son comité de soutien. Son état de santé s'était dégradé après une grève de la faim en janvier, qu'il avait suspendue à la demande de sa famille.

Benjamin Brière a, lui aussi, mené deux grèves de la faim, dont la dernière initiée le 28 janvier dernier, selon son avocat Philippe Valent. "Il était dans un état physique tout à fait déplorable", a détaillé ce dernier sur franceinfo, vendredi. "On était sur une grève de la faim de plus de 100 jours. Donc un état d'épuisement absolu, mais heureusement [il est] encore transportable pour pouvoir monter dans cet avion". L'avocat a estimé qu'"on était à quelques jours d'une catastrophe" et évoqué une "hospitalisation" nécessaire à son arrivée.

5Que sait-on des autres Français retenus en Iran ?

Au moins cinq autres Français sont toujours détenus ou bloqués arbitrairement en Iran. Cécile Kohler, une enseignante de 38 ans, et son compagnon, Jacques Paris, âgé de 69 ans, ont été arrêtés le 7 mai 2022, alors qu'ils passaient des vacances dans le pays. Le couple est accusé d'espionnage par Téhéran.

Louis Arnaud, consultant de 35 ans qui était parti faire un tour du monde, a été interpellé et incarcéré le 28 septembre 2022, quelques jours après la mort de l'étudiante Mahsa Amini, événement déclencheur d'une vague de manifestations dans le pays.

Un autre Français est détenu, mais son identité n'a pas été rendue publique.

La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah a, elle, été libérée de la prison d'Evin le 10 février dernier, mais elle reste bloquée sur le territoire iranien. "Elle est libre, mais on ne sait rien de son statut", avait alors déclaré un de ses proches à l'AFP. L'anthropologue avait été arrêtée en juin 2019, avec son compagnon Roland Marchal, lui aussi chercheur. Ce dernier a pu rentrer en France en mars 2020.

La ministre Catherine Colonna a rappelé vendredi "la détermination de la France pour que les autres citoyens français encore retenus en Iran retrouvent eux aussi leur pleine liberté rapidement et bénéficient de leur droit à la protection consulaire".

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