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Foot : 3 500 Iraniennes sont attendues au stade à Téhéran pour Iran-Cambodge, une premiÚre

Mi-septembre, une supportrice s'Ă©tait immolĂ©e par le feu aprĂšs avoir Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e pour avoir tentĂ© d'assister Ă  un match de championnat. AprĂšs la visite d'une dĂ©lĂ©gation de la Fifa, 3 500 places ont Ă©tĂ© vendues Ă  des femmes dans le cadre d'une rencontre internationale.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La journaliste sportive Raha Pourbakhsh montre du doigt les billets électroniques qu'elle vient d'acheter, mardi 8 octobre 2019, en vue de la rencontre entre l'Iran et le Cambodge à Téhéran. (ATTA KENARE / AFP)

Quelque 3 500 supportrices iraniennes devraient assister à Téhéran au match de qualification pour la Coupe du monde 2022 face au Cambodge, jeudi 10 octobre, aprÚs avoir pu acheter leur billet pour cette rencontre. Il s'agit d'une premiÚre dans le pays depuis prÚs de quarante ans.

Cette ouverture survient aprÚs la mort tragique d'une supportrice, Sahar Khodayari, qui s'est immolée par le feu mi-septembre aprÚs son arrestation pour avoir tenté d'entrer dans un stade. La Fifa avait alors accentué sa pression sur l'Iran, menaçant le pays de sanctions, pour permettre aux femmes d'assister aux matchs de football masculin.

Dans des tribunes réservées aux femmes

TrÚs vite aprÚs la Révolution islamique de 1979, les femmes iraniennes se sont vu refuser l'accÚs aux stades, officiellement pour les protéger de la grossiÚreté masculine. Téhéran n'avait jusqu'à présent autorisé qu'en de rares occasions un nombre limité d'entre-elles (au maximum un millier de supportrices en novembre 2018) à assister à quelques rencontres.

Des Iraniennes encouragent leur équipe nationale durant la rencontre contre la Bolivie, le 16 octobre 2018 à Téhéran. (SAEID ZAREIAN / DPA / AFP)

La mort de "la fille en bleu" (couleur de son Ă©quipe fĂ©tiche) a suscitĂ© l'Ă©moi sur les rĂ©seaux sociaux, oĂč des appels de cĂ©lĂ©britĂ©s, footballeurs ou militants ont Ă©tĂ© lancĂ©s Ă  la Fifa pour bannir l'Iran des compĂ©titions internationales. AprĂšs la visite d'une dĂ©lĂ©gation de la FĂ©dĂ©ration internationale Ă  TĂ©hĂ©ran en septembre, les autoritĂ©s iraniennes se sont rĂ©solues Ă  autoriser la vente de billets Ă  des femmes pour le match Iran-Cambodge.

Mais Ă  l'inverse du thĂ©Ăątre ou du cinĂ©ma, oĂč femmes et hommes peuvent ĂȘtre assis cĂŽte-Ă -cĂŽte, les supportrices devront toutefois remplir des tribunes rĂ©servĂ©es pour elles, et surveillĂ©es, selon l'agence Fars, par quelque 150 policiĂšres.

Des autorisations rares et en nombre limité

Les places pour le stade Azadi ("Liberté" en persan) se sont vendues comme des petits pains et "la présence de 3 500 supportrices iraniennes (...) est assurée", selon l'agence officielle Irna. Une campagne est toutefois menée sur les réseaux sociaux afin de réclamer davantage encore de siÚges pour les femmes avec le mot-diÚse : #WakeUpFifa ("Fifa réveille-toi").

A DĂŒsseldorf (Allemage), le 13 septembre 2019, des supporters brandissent une banderole pour dĂ©noncer un "apartheid de genre" en Iran et saluer la mĂ©moire de Sahar Khodayari, surnommĂ©e "Blue Girl".  (ANKE WAELISCHMILLER/SVEN SIMON / SVEN SIMON)

En 2001, une vingtaine d'Irlandaises avaient été les premiÚres femmes à assister à un match de football masculin (Iran-Irlande) dans le pays depuis l'interdit post-révolutionnaire. Les Iraniennes, elles, avaient dû attendre 2005 : seules quelques dizaines d'entre-elles avaient alors pu assister à une rencontre Iran-Bahreïn. Depuis, les autorisations ont été rares, et toujours en nombre limité.

Une question qui divise la classe politique

L'interdiction des femmes dans les stades est rĂ©guliĂšrement critiquĂ©e au sein mĂȘme du systĂšme politique iranien. Conservateur modĂ©rĂ©, le prĂ©sident Hassan Rohani a dit Ă  plusieurs reprises sa volontĂ© d'y mettre un terme mais les ultraconservateurs y sont farouchement opposĂ©s. En octobre 2018, aprĂšs qu'une centaine de supportrices ont Ă©tĂ© autorisĂ©es Ă  assister Ă  un match amical entre l'Iran et la Bolivie, le procureur gĂ©nĂ©ral du pays avait jugĂ© qu'exposer des femmes Ă  la vue d'hommes "Ă  demi nus" risquait de mener "au pĂ©chĂ©".

Pour le journal économique Donya-yé Eqtessad, la décision d'autoriser la vente de tickets à des femmes pour Iran-Cambodge est une "mesure visant à ébranler un tabou, mais aussi à libérer le football iranien de la menace de sanctions de la Fifa". Sur Twitter, le porte-parole du gouvernement, Ali Rabii, a tenu à assurer que cette décision était le résultat d'une "exigence interne à la société et du soutien du gouvernement à cette exigence", et certainement pas de "la pression étrangÚre".

Reste à savoir si l'action des autorités contentera la Fédération internationale. Téhéran n'a pour le moment pas annoncé que les femmes pourraient assister aux matches du championnat iranien ou à d'autres rencontres internationales, alors que la Fifa demande que les femmes soient autorisées dans les stades de football "pour tous les matchs".

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