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Bahreïn: dissolution du principal mouvement d’opposition chiite
La justice de Bahreïn a prononcé le 17 juillet 2016 la dissolution du principal mouvement d’opposition. Al-Wefaq est accusé de «favoriser le terrorisme» Une nouvelle escalade entre le pouvoir sunnite et la majorité chiite qui réclamait la libération du chef de l’opposition Ali Salman.
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«Inacceptable et provocateur»: c’est en ces termes que le mouvement d’opposition chiite bahreïnie, al-Wefaq, a accueilli fin mai 2016, la condamnation en appel de son chef Cheikh Ali Salman.
La peine de Cheikh Ali Salman doublée en appel
Arrêté en décembre 2014, le dirigeant chiite avait été reconnu coupable d’incitation «à la haine contre les adeptes d’une confession», sunnite en l’occurrence. Juin 2015, il est condamné à 4 ans de prison pour avoir «incité à la désobéissance» et porté atteinte au ministère de l’Intérieur en qualifiant ses employés de «mercenaires».
Un an plus tard, la haute cour d’appel décide d’alourdir sa peine. Il prend cinq années supplémentaires pour complot contre le régime. Un chef d’accusation qui n’avait pourtant pas été retenu en première instance.
Un verdict qui ne peut que raviver les tensions entre le pouvoir sunnite, soutenu par Ryad, et l’opposition chiite, défendue par Téhéran.
Des manifestants réclamaient sa libération la veille du verdict
La veille, des dizaines de jeunes avaient manifesté dans plusieurs villages chiites autour de Manama, la capitale, pour exiger la libération du dirigeant chiite.
«Nous voulons la libération de Cheikh Salman» et «nous n’oublierons jamais les prisonniers», scandaient les manifestants, selon l’AFP.
De son côté, l’organisation Human Rights Watch a qualifié cette condamnation d'«une action dangereuse du régime» qui risque «d’accroître l’instabilité» dans le royaume en proie à une vague de contestation depuis février 2011.
La veille, 5 Bahreïnis jugés pour collaboration avec l’Iran avaient été condamnés en appel à la perpétuité et à la déchéance de leur nationalité pour «collaboration» avec l’Iran, malgré la multiplication des appels d’ONG et de gouvernements occidentaux à favoriser un règlement pacifique de la crise politique.
Durcissement sur fond de tensions entre Téhéran et Ryad
De passage à Manama en avril, le Secrétaire d’Etat américain John Kerry avait déploré «les divisions confessionnelles» du royaume et estimé qu’il était«essentiel» pour ce pays de respecter les droits de l’Homme.
L’offensive judicaire contre le mouvement al-Wefaq a suscité de vives critiques de l’ONU et des Etats-Unis, proche allié de Bahreïn qui accueille la Ve Flotte américaine.
Des organisations de défense des droits de l’Homme ont dénoncé pour leur part une tentative d’éliminer «ce qui reste de l’opposition» dans ce pays royaume du Golfe.
Le durcissement du régime à l’égard de son opposition intervient dans un contexte d’aggravation des tensions entre leurs parrains respectifs.
Soutenu par l’Arabie Saoudite, Manama accuse régulièrement l’Iran chiite, de s’ingérer dans les affaires intérieures. Téhéran dément mais continue de défendre haut et fort les dignitaires chiites de Bahreïn.
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