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Arrestation de deux Français en Iran : comment Téhéran pratique une "diplomatie des otages" vis-à-vis des pays occidentaux

Après la mise en scène d'aveux des deux Français arrêtés par Téhéran au mois de mai, franceinfo revient sur les relations tendues entre la France et l'Iran, souvent marquées par des arrestations de citoyens soupçonnés d'espionnage. 

Article rédigé par Christian Chesnot, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des drapeaux iraniens à Téhéran, le 9 mai 2021.  (ATTA KENARE / AFP)

Dans une vidéo diffusée jeudi 6 octobre à la télévision officielle iranienne, Cécile Kohler et Jacques Paris, deux syndicalistes français emprisonnés en Iran depuis mai avouent être des espions pour le compte de la DGSE. Une vidéo qualifiée de "mauvais film" vendredi sur franceinfo par Roland Marchal, sociologue français lui-même emprisonné en Iran du 5 juin 2019 au 20 mars 2020. "Quels ont été les moyens de pression utilisés par leurs interrogateurs pour obtenir des aveux aussi fantaisistes ?", s'interroge-t-il. "J'ai tout de suite pensé aux conditions de détention qui peuvent être très difficiles" en Iran, explique cet ancien détenu.

Roland Marchal appelle à la "prudence" sur "les implications à moyen terme de cette vidéo". Il estime qu'elle "vise essentiellement l'opinion publique iranienne". "Je ne crois pas qu'ils tentent de convaincre qui que ce soit à l'extérieur du pays que ces deux syndicalistes sont de grands espions", ajoute-t-il. Le Quai d'Orsay a dénoncé "une mise en scène indigne, révoltante, inacceptable". Une mise en scène qui relève de la "diplomatie des otages" pratiquée par le République islamique vis-à-vis des pays occidentaux, et plus particulièrement de la France.

Des accusations d'espionnage

Roland Marchal en est l'un des exemples. Il avait été interpellé à l'aéroport de Téhéran, avant d'obtenir sa libération en échange de celle d'un Iranien détenu en France. Sa compagne, l'universitaire franco iranienne Fariba Adra, elle, est actuellement assignée à résidence.

Autre moment de tension entre les deux pays en 2009 avec Clotilde Reiss. L'arrestation de cette étudiante était intervenue dans un contexte de durcissement des relations franco-iraniennes. À l'époque, Nicolas Sarkozy avait sommé Téhéran de choisir entre la bombe ou le bombardement de l'Iran. La justice iranienne avait alors mis en scène les aveux de Clotilde Reiss lors d'un procès télévisé en juin 2019.

Dans la liste des histoires plus récentes, on trouve celle de Benjamin Brière. Ce touriste français arrêté en mai 2020 pour avoir pris des photos avec un drone dans un parc naturel. Il a été condamné à huit ans de prison pour mise en danger du régime et espionnage. Autant de charges farfelues pour son avocat et sa famille. Mais pour l'Iran, ces cas individuels sont autant de cartes diplomatiques à jouer et de moyens de pression.

Un "emballement répressif" contre les Occidentaux

Benjamin Brière est l'un des quatre Français actuellement emprisonnés en Iran. À ses côtés, il y a donc Cécile Kohler et Jacques Paris ainsi que la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkha. "Le nombre d'Européens détenus en Iran s'est considérablement accru depuis l'arrivée de l'administration de Joe Biden", dénonce Roland Marchal. Il faudrait y voir, selon lui, la "mécanique infernale d'un régime policier qui ne sait pas s'arrêter dans l'irraison". "Il y a un emballement répressif qui concerne les binationaux et les étrangers occidentaux", explique le sociologue et chercheur à Sciences Po. 

Roland Marchal s'interroge aussi sur l'action menée par l'Union européenne qui "joue un rôle positif pour maintenir les négociations sur le nucléaire tout en assistant à l'emprisonnement de ses citoyens". "Jusqu'où peut-on aller avec un régime qui manie autant l'arbitraire et emprisonne des étrangers pour réguler ses relations avec l'extérieur du pays ?", s'interroge le sociologue.

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