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Les mères porteuses en Inde (ou comment échapper à la pauvreté)

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié
L’hindouisme ne s’oppose pas à la gestation pour autrui. En 1978, le deuxième bébé éprouvette est né à Calcutta. Depuis, le tourisme de maternité de substitution est devenu une véritable industrie dans le pays, se chiffrant à un milliard de dollars.

Les demandes de couples venues de l’étranger sont en hausse permanente, 28.000 par an, et les mères porteuses, un marché florissant.
 
Mansi Thapliyal a réalisé ce reportage à Anand, dans l'Etat du Gujarat, dans l’ouest de l’Inde.
 
Onze de ses photos illustrent ce propos. 

Pour sortir de la pauvreté et pouvoir payer des études à ses enfants, la jeune femme accepte pour la seconde fois d’être une mère porteuse pour un couple de Japonais.
 
Cette maternité de substitution rapportera 450.000 roupies (7.200 dollars) à la jeune femme, alors que son mari gagne 2500 roupies (38 dollars). (REUTERS / Mansi Thapliyal)
Des mères porteuses attendent pour un examen de routine dans le centre Akanksha IVF d’Anand. 
 
En dix ans, plus de cinq cents Indiennes se sont rendues dans cette ville, surnommée la «capitale de la maternité de substitution», pour devenir des mères porteuses pour des familles venues du monde entier. Les couples français ne peuvent s’y rendre, car la loi en France interdit la gestation et la procréation pour autrui.
 
Depuis le début de l’année 2013, le gouvernement a interdit l'obtention de visas pour les homosexuels et les célibataires venus en Inde pour une maternité de substitution. (REUTERS / Mansi Thapliyal)
Le docteur Nayana Patel, entourée de mères porteuses. 
 
Le Dr Patel est gynécologue. Elle est une sorte d’icône à Anand depuis qu’elle a créé une clinique de fertilité qui l’a rendue célèbre dans le monde entier. Chaque année, de nombreux journalistes étrangers viennent en Inde pour la rencontrer. (REUTERS / Mansi Thapliyal)
La gynécologue réalise une échographie sur Renuka, une mère porteuse de 23 ans.
 
Le Dr Patel est une femme énergique et s’occupe de tout dans la clinique. Elle et son mari gèrent entièrement le centre. (REUTERS / Mansi Thapliyal)
Une jeune femme est examinée par la gynécologue. 

Certains ont décrit la clinique comme une usine d'exploitation de bébés. Mais le Dr Patel n'est pas d'accord : «Il n'y a rien d'immoral ou de mauvais dans ce domaine. Une femme doit pouvoir aider une autre femme, quand l’une n'a pas la capacité d’être enceinte et que l'autre a la possibilité d’améliorer son niveau de vie. Et quand le résultat est un beau bébé, comment peut-on dire, que cela est mal.»
 
 (REUTERS / Mansi Thapliyal)
Une embryologiste vérifie un récipient d'embryons congelés. 
 
Les techniques d’implantations se sont énormément développées en Inde, depuis leur légalisation en 2002. (REUTERS / Mansi Thapliyal)
Les mères porteuses logent dans des dortoirs d’une résidence que fournit le centre Akanksha IVF.
 
Elles ne doivent pas quitter l’établissement pendant toute la durée de leur grossesse. (REUTERS / Mansi Thapliyal)
Sharda, 35 ans, est pour la première fois mère porteuse.
 
Pendant neuf mois, elle va vivre loin de sa famille. (REUTERS / Mansi Thapliyal)
Regarder la télévision, téléphoner à leurs proches et bavarder entre elles… telles sont leurs principales activités.
 
Si certaines apprécient cette pause dans leur vie quotidienne, souvent difficile, d’autres souffrent d’être éloignées de leurs familles. (REUTERS / Mansi Thapliyal)
Daniel 39 ans et Rekha 42 ans, un couple de Londoniens avec leur bébé, Gabriella. 
 
Ils ont entendu parler de la clinique dans une émission de télévision.

Apres avoir rencontré le Dr Patel à Londres, ils ont décidé de vendre leur restaurant pour pouvoir financer leur rêve le plus cher, avoir un enfant.

Ils se sont envolés pour l’Inde, car ils voulaient absolument rencontrer Naina, la mère porteuse de Gabriella, quelques jours avant la naissance du bébé.

Ils ont décidé que, plus tard, ils raconteraient tout à leur fille, ce qui est rare car beaucoup de parents préfèrent garder le secret.
 (REUTERS / Mansi Thapliyal)
Cette marchandisation du corps humain soulève de nombreuses questions d'éthique.
 
Pour ces femmes, dont beaucoup sont des Intouchables, il est parfois très difficile de dire adieu à l’enfant qu’elles ont porté pendant neuf mois. Mais l’espoir de pouvoir changer de vie radicalement les aide dans cette démarche.
 
Après l’accouchement, nombre d’entre elles deviennent, grâce au salaire qui leur est versé directement sur un compte, chefs de famille. (REUTERS / Mansi Thapliyal)

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