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Le groupe indien Tata en crise vire son PDG

Dixième producteur mondial d’acier, septième de poids-lourds, second dans le thé. Un demi million de salariés. L’empire Tata est sans doute le plus diversifié de tous les conglomérats. Mais le groupe familial indien est en crise, victime du ralentissement mondial de l’économie. Au point que Ratan Tata, celui qui a «fait» le groupe a dû reprendre du service.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Ratan Tata (à gauche) et le Pdg du groupe Cyrus Mistry en 2012. Le premier a obtenu le départ du second. (AFP/Punit Paranjpe)

A 74 ans, Ratan Tata le patriarche du groupe assurera lui-même l’intérim durant quelques mois. Le conseil d’administration a décidé le 24 octobre 2016 de se séparer de son PDG Cyrus Mistry. Tata Sons traverse une zone de turbulences dont Mistry a fait les frais. Il y a quatre ans, c’est pourtant Ratan Tata, le charismatique patron, qui l’avait lui-même choisi pour prendre sa succession.
 
Mais les temps sont durs pour le conglomérat familial fondé en 1868. «La plupart de ses activités ne produisent pas les résultats escomptés», indique un économiste. En fait, Tata Sons affiche un déficit abyssal de 30 milliards de dollars sur l’ensemble de ses activités.
 
Des pertes astronomiques
Au premier rang des mauvais élèves, la division acier n’est pas au mieux. Le dernier trimestre s’est soldé par un demi-milliard de dollars de pertes!
Tata cherche ainsi à se débarrasser de sa filiale britannique, incapable de résister à la concurrence chinoise, qui perd un million de livres par jour (1,12 million d’euros). Mais, justement, dans un contexte de surproduction marqué par l’invasion d’acier chinois, personne ne veut investir dans la vieille Europe.
 
Il y a également le contentieux avec le Japonais Docomo suite à l’abandon de leur collaboration dans la téléphonie. Un tribunal a condamné Tata à verser un dédommagement de 1,2 milliard de dollars. Mauvais pour les finances et pour l’image.
 
Même la division automobile souffre, en raison du ralentissement économique en Chine. Les ventes de Jaguar et de Land Rover s’en ressentent.
 
Réduire la voilure
Aucune raison officielle n’a été donnée à ce limogeage. Mais il se dit que les actionnaires (la famille Tata) étaient mécontents de la direction donnée au groupe par Cyrus Mistry. En fait, ce dernier voulait couper des branches, se débarrasser d’actifs. Selon lui, rapporte Times of India, le groupe «ne doit pas avoir peur de prendre de sévères décisions pour de bonnes raisons.»
 
Quel contraste avec les années 2000 et l’ère de Ratan Tata. Cette politique est bien éloignée de la période de flamboyance, de l’achat des thés Tetley en 2000 pour 450 millions de dollars, puis de Jaguar Land Rover en 2008 pour 2,3 milliards de dollars. Ratan Tata n’arrive pas à admettre qu’il faille réduire la voilure. Il est vrai que le groupe est partout, presque à chaque moment de la vie.
 
Pourtant, une autre politique ne semble guère possible, tant le groupe est devenu boursoufflé. Les deux tiers de son chiffre d’affaires sont réalisés à l’étranger, ce qui en cette période de ralentissement mondial n’est pas un bon point. Du reste, pendant  les quatre années du mandat de Cyrus Mistry, le chiffre d’affaires du groupe a stagné autour du milliard de dollars.

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